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9 septembre 2022

LIVRE : Zizi Cabane de Bérengère Cournut - 2022

9782370553317,0-8672024Le plaisir qu'on trouve à la lecture de Zizi Cabane (Mitch sourit) se gagne lentement, tant le livre cache son jeu pendant longtemps avant de lâcher enfin l'émotion dans les dernières pages. Pendant la majeure partie, on est partagés entre d'une part l'admiration pour cette belle et originale écriture, qui convoque le conte et le merveilleux tout en restant dans les strictes limites de la contemporanéité, qui connaît la magie des mots et sait les utiliser avec finesse (et on pense à Kasischke, délices); et d'une autre part la candeur presque niaise de la trame, énième variation sur la famille et ses originalités (et là, on pense à Bourdeaut, horreur). Des personnages aux prénoms trop rigolos, chaque membre ayant sa petite part de folie et ses petites singularités, un ton enfantin tout doux, des aventures pendables, hihi, trop mignon. Bon, ok, le drame est sous-jacent puisque dans cette famille manque un membre : la mère, disparue corps et bien, et qui ré-apparaît ici sous la forme de petits poèmes énoncés par les éléments eux-mêmes, pluie, vent, mer, simple battement d'air. Autour de cette absence, Ferment, ses deux fils et sa fille se sont organisés vaille que vaille et réunis dans une vieille maison à la campagne. Une source aux origines mystérieuses envahit bientôt la maison, élément magique et légèrement anxiogène qui commence à rendre ce contexte mièvre un peu intéressant. Bientôt la smala déménage, poussé par un beau-père ignoré qui débarque brusquement dans ce monde. Mais ce n'est que le début d'un conte mêlant le fantastique et le concret de cette triste vie.

Zizi Cabane est la vision du monde par une enfant, qui du coup adopte son mode de vie, son expression, sa candeur. Ça pourrait être gavant (et ça l'est souvent, ne nous le cachons pas) si Cournut ne désamorçait pas ses tendances au rose bonbon par l'explosion des points de vue : si la fillette de la famille reste le point central, la parole est aussi donnée à ses frères, à son père, à sa tante, voire même donc à sa mère morte. Ça fait valser les styles et lire cette histoire avec des points de vue plus variés, c'est pas plus mal. Et comme je le disais, l'écriture fait le reste, la dame parvenant même dans les 50 dernières pages à vous entraîner dans un passage très touchant, où enfin elle touche le cœur de son problème : la mélancolie d'avoir perdu un être cher. C'est pas grand-chose, ça ne sauve pas le livre de ses défauts, mais rien que pour ces pages-là, on est prêt à aimer encore Bérengère Cournut.

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