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7 septembre 2022

À plein Temps (2022) de Eric Gravel

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Laure Calamy attire décidément les calamités. Après s'être fait emmerder par un âne dans les Cevennes, la voilant décidant de s'installer avec deux gosses dans une lointaine banlieue, sans plus de conjoint. Ce qui pourrait être simplement une vie de merde puisqu'elle passe son temps dans les trajets, bosse sa race (elle est femme de ménage en chef dans un palace  - des clients exigeants et sans trop d'hygiène parfois : les pires) et ne voit guère ses gosses devient tout simplement l'enfer au cours d'une semaine terrible : la SNCF est en grève, la circulation est bloquée à cause de manifs et le chèque de la pension ne tombe point... Notre pauvre Laure, au cours de cette semaine cauchemardesque (elle doit en plus s'absenter de son taff pour passer des entretiens et espérer une meilleure position : mais cela aggrave son cas au boulot (des absences injustifiables), sans parler des difficultés pour traverser Paris), va disons-le se prendre mur sur mur... Un banlieusard, s'il osait regarder un tel film, trouverait peut-être le portrait relativement honnête, juste ; on ne peut pour sa part que le trouver absolument effrayant : faire garder des gosses que l'on ne voit jamais par une rombière qu'il faut convaincre tous les jours pour qu'elle accepte la mission (non mon gamin n'est pas hyperactif... comparé à un jeune chiot), courir du matin au soir pour choper un train, un bus, un métro, se faire tancer à chaque retard au taff, se faire pourrir par ses collègues à chaque petit dérapage, ne pas avoir le temps de rencontrer des gens, d'être aimée, de passer une soirée cool... Ce n'est pas une vie vraiment saine et ce portrait de Gravel prend vite des résonances de scènes guerrières à Gravelotte.

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Tout chie, tout va mal, tout est laid, tout est foiré, foireux... Même quand la pauvre chtite Laure tente de s'oublier deux secondes avec un voisin sympa, elle tombe à côté - elle ne se prend pas un râteau juste une moissonneuse-batteuse dans la tronche... Du coup, on comprend très vite le principe du film : l'enfer ce n'est même plus les autres, c'est juste sa propre capacité à faire des choix intenables... Très vite la gourde déborde et on se dit que la pauvre Laure après avoir touché le fond prendrait presque plaisir à continuer à creuser sa propre petite tombe merdique... Film reflet de notre chère époque destructrice ? Sans doute, mais était-ce bien la peine d'enfoncer autant le bouchon jusqu'au cul de la bouteille parisienne ? Gravel ne démérite pas pour mettre de la vitesse dans ses plans, dans son montage, pour nous faire ressentir cet engrenage infernal de cette vie de banlieusard mais ce pessimisme à outrance finit aussi par blaser un brin - vivons malheureux en attendant le bon moment pour se suicider... Même si, même si rien n'est jamais perdu, la fin, "en trompe l'oeil", n'apporte guère plus en fin de compte d'espoir... Un film rude, rugueux, tonique et noir mais un peu trop complaisant sans doute dans cette noirceur à temps plein. Pour les amateurs de film SM.

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Commentaires
D
Bonsoir, j'ai aimé le film pour Laure Calamy qui est formidable en mère courage qui ne lâche rien. Bonn soirée.
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