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13 juillet 2022

The Sadness (哭悲) de Rob Jabbaz - 2022

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Bah rien de nouveau dans le petit monde très fermé du gore, et, sans jouer au vieux con, j'ai bien l'impression qu'on n'a rien inventé depuis les Romero dans le genre. On aurait tendance, c'est vrai, à aller voir du côté des Asiatiques pour trouver un peu d'hémoglobine à se mettre sous la dent, tant certains (Sono Sion, Takashi Miike) ont fait des trucs potables dans cette veine ; et c'est pourquoi on se retrouve à une heure indue (22h30, c'est l'horaire dévolu aux VO pour les films d'horreur) au cinéma voisin devant ce film chinois qui promet. On en ressort 1h30 plus tard bien amer. La moindre des choses qu'on attend d'un film gore, c'est qu'il nous dérange. Or, The Sadness ne nous dérange jamais. On a beau y castrer des mecs sur du fil barbelé, y défoncer un bébé à mains nues, y énucléer une adolescente avec un parapluie et se vautrer dans des barriques de sang, rien n'y fait : pas de trouble, pas de gêne, pas de ce délicieux dégoût qui nous fit frissonner face aux chefs-d’œuvre de jadis, pas de cette angoisse, que je qualifierais de métaphysique, devant les distorsions physiques et les improbabilités du corps humain. Jabbaz reprend très paresseusement les codes du film de zombies, les teinte d'une petite angoisse liée au coronavirus, et lâche la bride à son imagination, qu'il a très limitée. La seule spécificité de ses morts-vivants 2.0 tient dans le fait qu'ils se déplacent tout à fait normalement et qu'ils ne sont pas concons comme d'habitude : le virus les a juste rendus cruels, et gomme leurs freins à la violence. Du coup, ils n'ont qu'une idée en tête : trucider leurs contemporains en ricanant, si possible dans les conditions esthétiques les plus douteuses. Jabbaz prend cette bêtise tellement au sérieux qu'il oublie un autre des aspects inconditionnels du gore : le burlesque. On ne rigole jamais devant l'excès, on se contente de suivre mollement un scénario étique joué par des comédiens franchement en-dessous de tout, et on bâille devant les explosions de violence, piquées dans d'autres films et jamais poussées là où on voudrait les voir aller.

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C'est bien dommage, car le gars a incontestablement du goût pour la mise en scène et pour le rythme. A partir du moment où le rythme s'emballe, où on assiste au premier carnage dans un wagon de métro, le film tient un tempo d'enfer, ne s’arrêtant pratiquement jamais, dans une sorte de chaos dévastateur qui tente d'emporter tout sur son passage, la société dans son ensemble, les valeurs morales, les motifs du film d'horreur, etc. L'effet devrait être jouissif ; d'où vient alors qu'on bâille plus souvent qu'à notre tour devant ces excès punks et cette barbarie de bon aloi ? Peut-être du fait que le film est seulement nihiliste, et n'est pas plus que ça ; il aime casser ses jouets, mais ne réfléchit pas plus loin que ça. En gros, il est très creux. Privé de contexte politique (autre condition sine qua non du cinéma gore), il déroule son truc. Bon, ça gicle, oui, ça glisse dans les viscères, ça déchire de l’épiderme, et ça va même flirter du côté du viol ou de l'infanticide. Mais malgré ses petites qualités, voilà un film inutile de plus à ajouter dans la liste des films d'horreur sans envergure...

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