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6 juillet 2022

Martin Roumagnac de Georges Lacombe -1946

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Gabin / Dietrich, n'en jetez plus, messieurs dames, il ne faut pas plus de publicité pour attirer le chaland de l’immédiat après-guerre à ce film. Qu'il soit mal réalisé, mal écrit, et même mal interprété ne rentre pas en compte : on est venu voir le couple mythique à l’écran. Et on va le voir, dame, sous toutes les coutures et avec toutes ses ambivalences : Jean Gabin, le prolo au grand cœur simple, pas intello, non, mais honnête et charmant, et pis travailleur avec ça ; et Marlene Dietrich, la grande diva inaccessible, belle à mourir certes et maquillée de frais mais tellement craquante et fatale. Ces deux-là se rencontrent pendant un match de boxe : il est venue prendre une petite pause dans son boulot de maçon (prononcez "moçon" à la parisienne), elle est venue guidée par le destin. Elle égare sa broche, il la récupère, boum c'est le coup de foudre. Sauf que la belle est promise à un quelconque baron, et que ce p'tit Parigot qui débarque avec fracas dans la vie de Marlene ne va pas arranger les choses. Aveuglé par la passion, notre Jeannot lui construit une villa, s'endette, s'engueule avec ses collaborateurs, se brouille avec sa sœur, perd de sa vigilance sur les chantiers, et finit par perdre tout sens commun. Aussi quand Marlene, pourtant assez fondue de notre héros, hésite entre le baron et lui, son sang ne fait qu'un tour : drame il y aura, et rédemption, et punition. Et on adore voir notre candide Gabin avancer vers son destin (comme dans Le Jour se lève ou La belle Équipe), il fait super bien les épaules baissées et le poids du monde sur la nuque.

martin

Eh oui, sauf que Georges Lacombe n'est pas Marcel Carné ou Julien Duvivier. Confiez ce scénario (très fade) à un de ces cinéastes, il parviendra à le rendre plus ou moins glamour et tragique. Là, c'est juste terrible de voir comme le metteur en scène passe à côté de son film, ratant systématiquement tous les passages un peu marquants de cette histoire, qui en a il est vrai assez peu. D'abord, il ne fait rien du choc des deux mondes entre la rusticité de Gabin et l'aristocratie de Dietrich : très mal dirigée, elle est pile entre deux personnages, pas assez simple pour faire croire à la sincérité de ses sentiments pour lui, pas assez grand crin pour déclencher un véritable enjeu, elle traverse le film sans jamais que sa présence n'irradie ; et Gabin a beau déployer des trésors d'accent parisien et de casquette canaille, il est caricatural. Rien ne va vraiment, même si rien n'est catastrophique pour autant : ni les seconds rôles, ni les rebondissements pas très originaux, ni les décors, ni la musique, ni les dialogues, n'apportent le moindre charme à cette bluette courue d'avance. On ne s'ennuie pas, parce qu'il y a quand même le charme de ces histoires surannées, parce que de temps en temps quelques mimiques de Gabin agissent toujours, parce que les expressions parisiennes ont du chien, mais on soupire devant ce vrai beau gâchis : la rencontre mythique n'a pas lieu.

Sans titre

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