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10 juin 2022

L'Homme au Pousse-Pousse (Muhōmatsu no isshō) (1943) de Hiroshi Inagaki

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Inagaki a le bon goût en ces années 40 de ne point tomber tomber dans l'ornière du film de propagande (...) en s'intéressant à la vie d'un tireur de pousse-pousse à la fin du siècle précédent. C'est le gars Tsumasaburô Bandô qui s'y colle et il parfait dans tous les registres : colérique et fort en gueule (faut pas le pousser, quoi), généreux et attentif au besoin (il se prend d'affection pour un gamin qui a perdu son père - sans forcément lorgner sur la veuve, ce qui est tout à son honneur), notre homme a à sa portée toute une palette d'émotions. Dans un premier temps, à l'aide parfois de petits flash-back pour revenir sur une anecdote plus ou moins croustillante, on passe en revue la "légende" Matsu : il est connu en ville pour ses frasques et pour sa façon de ne pas se laisser marcher sur les pieds ; il peut ainsi envoyer paître un client quel que soit son rang, tutoyer un général ou encore mettre le boxon dans un théâtre quand il estime qu'on ne l'a pas respecté (l'entrée est généralement gratuite pour un conducteur de pousse-pousse : le gérant qui décide de le faire payer va s'en mordre les doigts). Bref c'est un personnage comme on dit chez nous au village... Et puis le film va prendre un tournant un peu plus douçâtre et tendre quand notre homme prend sous son aile ce gamin... Tout couillon comme il le dit lui-même d'être encore en vie, il va se faire un devoir de suivre l'éducation du bambin au fil des années... Un bambin qui va l'admirer, qui va s'appuyer sur lui puis en grandissant, normal, qui va avoir aussi un peu honte de cette figure un peu trop... paternaliste. Mais notre héros n'est pas homme à se vexer...

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C'est assez bien venu ce petit changement en cours de route : on pensait avoir affaire à un être très bravache, rugueux, balourd et on va peu à peu découvrir avec l'âge ce petit cœur qui bat... S'il est toujours partant pour une partie de bagarre (il aimerait bien d'ailleurs que le bambin s'endurcisse...), il est aussi tout en attention pour notre gamin ; toujours prêt à interrompre une course quand il voit le gamin pleurnicher (il a emmêlé son cerf-volant, ce con) ou à se dépasser pour que le gamin soit fier de lui (une course en public où il se bat comme un beau diable jusque dans les derniers mètres - et ce même s'il court comme une cigogne), on sent que Matsu, sûrement pour rattraper le manque d'affection subi dans sa propre enfance (la très jolie séquence en analepse où il fait dix bornes pour aller retrouver son père - l'image floutée sur les bords et ces étranges figures de fantômes un peu surréalistes qui l'assaillent dans les bois). D'une atmosphère un peu bourrine et brute, on passe à un petit film tout en tendresse retenue qui pousse-pousse, forcément, à l'empathie douce. Notre homme est avant tout un type dévoué qui sous son écorce frustre cache une véritable attention envers son prochain (et envers notamment les plus faibles) mais aussi, découvrirons-nous lors du final, une vraie culture. Un type authentique de la vieille école quoi - joli portrait d'un Inagaki qui sait aussi varier avec métier les " petits plaisirs techniques"  (cette petite scène où la caméra s'élève au-dessus des toits pour cadrer cette mère seule ; cette roue de pousse-pousse filmée en gros plan pour symboliser le temps qui passe ; cet usage du flou ici ou là pour donner à son image une ambiance particulière...). Il fera un remake de son propre film quinze ans plus tard (le même titre, cherche pas) avec Toshiro Mifune et Hideko Takemine - tu m'étonnes qu'on l'a en stock !

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