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8 juin 2022

Pain, Amour et Jalousie (Pane, amore e gelosia) de Luigi Comencini - 1954

Pane_amore_e_gelosia

Pas qu'on attendait particulièrement fébrilement cette suite à Pain, Amour et Fantaisie, mais tout de même : cette série idiote et décomplexée semble idéale pour meubler une soirée de chaleur estivale sans prétention. Pain, Amour et Jalousie ne va pas plus loin que son prédécesseur, je dirais même qu'il va moins loin. Se situant dans sa suite directe, il reprend les mêmes quatre personnages principaux, les secoue gentiment et relance les cartes des jeux de l'amour et du hasard, le tout sur l'habituel arrière-plan de petit village dardé de soleil et de médisance du fond de l'Italie rurale. Revoici donc le Maréchal du coin (Vittorio de Sica, tout en charme, sur du velours pour faire friser sa moustache et déployer ses galanteries surannées), aux prises avec les tares inhérentes au statut féminin (hum) : le goût pour les on-dit, le penchant pour casser des assiettes et l'effronterie, le charme irrésistible. Face à lui, d'un côté celle qu'il veut épouser (Marisa Merlini, la femme sage et discrète, la "maman"), qui lui flanque un gamin insupportable sur les bras et se voit harcelée par un ex-mari qui pourrait bien encore lui plaire ; et celle qu'il protège bienveillamment (Gina Lollobrigida, tout en œillades et en naïveté, mais exhibant malgré elles les oripeaux de son sexe, la "putain"), qui a bien des peines à contenir la jalousie de son couillon de fiancé. Les deux le font bien chier, puisqu'il doit en même temps convaincre la première de son amour, lutter contre la concurrence, calmer les ardeurs terroristes du bambin, et prouver à toute la ville qu'il reste insensible aux charmes de Gina tout en la ramenant dans la digne route de l'honnêteté et de la fidélité. Ça n'ira pas sans force disputes, maints sermons du curé, moult rebondissements pendables et deux ou trois larmes. Mais ça s'arrangera plus ou moins, je vous rassure.

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Vous serez prévenus : c'est aussi capital qu'une petite bruine d'octobre. Mais tout aussi rafraichissant. A force de cultiver la légèreté, Comencini touche à quelque chose de très chaleureux : on est bien dans son petit monde confortable, où rien de grave ne peut arriver, sauf peut-être un petit tremblement de terre ou, plus terrible, une colère de femme. Dans une belle photo très lumineuse, qui met en valeur le soleil qui éclaire cette communauté aussi attachante que dangereuse, dans une mise en scène fluide et discrète, les comédiens rivalisent de charme. Rien n'est hystérique, tout est plus ou moins tranquille, les acteurs jouent plus ou moins moderato, et tout coule comme dans un monde parfait, seulement entaché çà et là de petites jalousies ou d'engueulades trop surjouées pour être honnêtes. Peu intéressé par les petits bouleversements amoureux de ses héros, Comencini soigne son contexte, et fait bien : son film travaille sur un aspect commedia dell'arte tout à fait joli, et enchâsse les intrigues avec un vrai savoir-faire dans le montage. On a droit à une charmante danse de Gina, à deux ou trois mimiques pendables de Vittorio, et on n'a pas du tout envie de quitter ce petit monde parfait et irréaliste. Le charme et la futilité faites film.

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