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3 juin 2022

Meantime (1983) de Mike Leigh

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Eh eh, vous vous y attendiez pas, un petit Mike Leigh de derrière les fagots, et en plus un téléfim s'il vous plaît, du réalisateur anglais qu'on aime abhorrer ! Alors oui, dans Meantime les gens sont moches, leur vie est moche, l'image est moche et au final c'est quand même franchement génial. Hein ? Oui, j'aurais voulu trousser une chute magnifique, prendre le contre-pied de toute attente, montrer qu'on ne s'arrête point à quelques a-priori esthétiques, mais j'ai eu beau lutter, je suis tout de même parvenu à bien me faire chier. S'intéresser aux petites gens, aux beaufs, à mes parents (oh c'est gratuit), c'est tout à la gloire de Leigh, sur le papier... Seulement voilà, très vite, trop vite, on sent comme une certaine malice malsaine à se rouler dans la boue, montrant des personnages qui rivalisent en plaintes crasses ; il y a la mère, dont on ne voudrait pas comme aspirateur, le père au chômage aussi ambitieux qu'un ressort, l'aîné con comme un bidon et aussi au chômage et le petit dernier, le gentil idiot du lot, au chomage forcément. On sent qu'entre ces quatre murs déprimants ou dans ces rues de fin du monde, on ne va pas passer son temps à refaire le monde, justement, le sourire aux lèvres. Non, on se détruit, on se vanne, on se crie dessus, on est vache, on est bas, les sans-dents n'en finissent de mordre leur haine sans que le monde en soit le moins du monde impacté - même un mignon petit chaton au bout de cinq minutes d'un film de Leigh aurait envie de se pendre. Et puis, après une bonne heure à tourner en rond (la file du chômage, les errances, les saouleries, les éructations...), enfin un peu d'action : la tante, celle qui a réussi (elle a fait des études putain), celle qui s'est un brin élevée, va demander à son idiot de neveu de venir repeindre chez elle - et l'exploiter au passage... Va-t-il subir jusqu'au bout cette chienne de vie, ou va-t-il avoir l'opportunité, pour une fois, d'avoir le droit à un début de soupçon de dignité ? On se passionne de bout en bout pour ces gens avachis, ces dialogues mous, ces personnages vils et on sent que Leigh aime à nous montrer leurs pires travers, leurs pires excès, leurs pires bassesses... jusqu'à ce  petit coup de gueule de notre idiot si sympathique qui, montre, hein, attention, qu'il peut toujours rester chez quelqu'un, même au fond du trou, un semblant de "fierté" (en prenant comme modèle de vie un skin ? mouais, faut être anglais pour comprendre, sûrement...). On a du lourd au niveau casting (Tim Roth, Gary Oldman - encore tout jeunot) mais cela ne suffit pas pour ne pas nous faire pleurer de tristesse devant ce cinéma social tout en douleur, en complaisance caliméroesque, truculente comme le vieux papier peint de chez ma grand-mère : Leigh nous assomme en cours de route à l'image de ces quelques notes de musique répétitives qui viennent nous vriller la tête tout au long du film... Une souffrance. Leigh, ô ma douleur.

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