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1 juin 2022

Un Homme comme tant d'autres (Nothing But a Man) (1964) de Michael Roemer

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On connaît mieux Eric dans la famille, mais Michael n'est pas si mal dans son genre. 1960, les USA, la ségrégation, on en parle ? Roemer ouvre son film en filmant des travailleurs afro-américains dans le domaine du rail - eh oui, les Chinois n'ont pas le monopole en tout. On trime la semaine et le soir, il y a éventuellement le choix entre un verre et une femme de petite vertu. Bienheureusement, l'ami Duff, lui, ne mange pas de ce pain et préfère trainer ses guêtres du côté de la paroisse. O Jizzusss ô Lord ? Oui, mais ce n'est pas non plus les airs chaloupés du gospel qui sont sa came. Il préfère se faire un bon petit repas gratos dans l'arrière-cour et flirter avec la fille du pasteur. Elle lui sourit d'ailleurs à cet ouvrier de passage, pas bégueule, le père beaucoup moins - une discrimination de classe au sein de la communauté ? Ben vous croyez quoi ? Mais le temps de la discrimination (qui sera raciale par la suite) ne fait que commencer. Si Duff, encouragée par les yeux doux et le sourire de Josie, aura la chance de fonder un coquet foyer avec sa douce, les ennuis au niveau du boulot ne font que commencer. Au début, on prend son mal en patience, puis quand la patience fond, le mal (et la bêtise de la fierté du mâle) prennent le dessus...

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Roemer ne cherche pas à bruler les étapes. Il nous prend par la main et nous montre tour à tour les dures conditions ouvrières, la gloire de Dieu mais sa tolérance limitée (un pasteur d'un bloc), le début de l'american dream à la sauce afro-américaine (la charmante complicité qui se noue entre nos deux tourtereaux) et le réveil brutal : des petits jeunes qui viennent emmerder le couple quand il flirte aux patrons despotiques (tu veux monter un syndicat ? Non ! Bon, chie-toi quand même dessus devant tes collègues, pour être sûr) en passant par les clients racistes et la difficulté de trouver un taff (supervisé par des blanc) payé à sa juste valeur... La pression monte en Duff qui doit, parallèlement, "gérer" un gamin qu'il eut avec une autre femme et son père alcoolo qui se fout de lui. Pas facile de trouver sa place, de ne pas partir en vrille - et notre Duff, après une phase de résistance, de perdre ses repères, d'y perdre sa bonhomie. Roemer met parfaitement en scène ce combat d'un homme au sein d'une société guère accueillante, un combat qui se déroule d'ailleurs tout autant à l'intérieur de ce Duff : comment ne pas retomber dans l'ornière, ne pas répéter les erreurs de son père dans cette société si rude ?... Des acteurs nickel, un montage très fluide, un réalisme de bon aloi, on marche parfaitement dans ce récit d'un homme qui vacille mais qui tentera jusqu'au bout de retrouver son équilibre. Une œuvre droite dans ses bottes et joliment mise en scène à hauteur d'homme.

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