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19 mai 2022

Sid & Nancy (1986) de Alex Cox

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Je ne suis jusqu'alors pas un grand fan de Cox et j'avoue que j'avais un peu peur, au préalable, que cette vision du fameux Sid Vicious des Sex Pistols soit un brin ripolinée - comme ça, juste par envie d'avoir un a priori, parfaitement. Dans un premier temps, on assiste à l'humour potache, un rien déglingos, de ce type qui fait les 400 coups dans la rue ou qui, comme bassiste, s'agite sur scène comme un dingue (il tape sur sa basse, c'est évident, mais en joue-t-il vraiment ? (seul Gols, lui, l'ami du musicien de rue, pourrait faire la différence)). C'est punk, quoi, un peu foutraque mais jamais non plus vraiment dangereux pour lui comme pour les autres... Puis vint Sandy et le Sid, grand benêt un peu mièvre, devint Vicious... On attaque dans un premier temps le côté un peu plus sexuel de la chose (Cox reste quand même très sage, ça se roule surtout des pelles ou ça se baise les pieds, c'est pas d'un shocking extravagant) puis dans un second la longue plongée destructrice en duo. Sid Vicious part en Amérique faire une ultime tournée avec les Pistols (sans Sandy - succès d'estime certain qu'eurent les concerts même si on constate au fil du temps que le Sid n'est pas d'une fiabilité absolue...) puis il s'écarte du groupe, reste dorénavant collé avec Sandy et plonge corps et âme dans la drogue... Le film, qui rentre dans le vif du sujet à grands coups d'aiguille, se fait de moins en moins aimable et devient un poil plus intéressant. Sid Vicious semble progressivement glisser dans un monde à la Burroughs, perdant de plus en plus contact avec la réalité : il retente de monter sur scène en chanteur vedette mais le type attire de moins en moins les foules : il passe de punk destroy (cette sale petite habitude de se tailler le torse au rasoir et d'exhiber ses stigmates sur scène...) à punk à chier... Lui qui, à défaut d'avoir été un musicien surdoué au sein du groupe, incarnait, en un sens par ses délires, son âme, son image déclavetée, s'enfonce de plus en plus dans la provocation gratuite, dans le chant bourrin, faisant passer le dernier album de Renaud pour l’œuvre d'un ténor (oui, bon, on dira que c'est encore plus inécoutable que Renaud ce qui relève de la prouesse). Toute velléité musicale s'arrête là et la drogue Sandy puis toutes les drogues prennent le relais, le Pistol se vide...

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A défaut de vraiment adhérer à ce cinéma à l'anglaise "à la trainspotting" mi punk mi délire potache, on doit au moins reconnaître que Cox, à l'image de ces bâtiments en ruines qui entourent notre couple à l'agonie, plonge ses deux héros dans un final de plus en plus glauque. On sait depuis le départ que tout cela finira dans le sang - mais on comprend aussi au passage que ce couple capable de mettre le feu dans sa propre chambre d'hôtel, ne pouvait finir que complétement cramé. On sent bien, également, l'influence néfaste de la gâte Sandy qui, si le Sid est un rien auto-destructeur par nature, a une merveilleuse tendance à encourager cette chute, cette déréliction, cette gabegie... Si les situations sont parfois un peu grossières (Sandy et Sid chez les parents américains... ohoho), on parvient tout de même à échapper ici ou là un petit ricanement nerveux devant l'air totalement perdu d'un Gary Oldman (l'homme déjà de la performance outrée) qui regarde sa chambre prendre feu sans avoir un geste, sans battre d'un cil ou qui se rend compte au bout d'une putain de semaine complète qu'il est à New York et plus en Angleterre - cette hébétude et cette décrépitude sont, allez, assez bien rendues. Pour le reste, on dira que Cox s'est bien divertit lui-même avec ce personnage haut en couleur. Nous un petit peu moins.

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