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17 mai 2022

Lenny and the Kids (Daddy Longlegs) (2009) de Benny & Josh Safdie

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On avait pas encore vraiment creusé le passé des frères Safdie (responsables d'innombrables courts-métrages soit dit en passant), on commencera donc avec cette petite chose qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un hommage à leur père... Enfin, quand je dis "hommage", il faut quand même savoir que le portrait qu'ils en font (ils avaient d'ailleurs prévenu avec un petit texte liminaire...) est plutôt à charge : soit donc Lenny (Ronald Bronstein, un ersatz de Ben Stiller), divorcé, projectionniste, en charge une semaine sur deux de deux gamins un peu terribles... Un peu terribles et sauvages mais on comprend tout de même rapidement le pourquoi du comment : leur pater est un irresponsable primaire, un type qui aime somme toute ses enfants mais qui demeure incapable de s'occuper d'eux calmement, sereinement, normalement... On pourrait arguer qu'il est l'inverse d'un papa-poule, qu'il fait tout en un sens pour qu'ils apprennent à se débrouiller par eux-mêmes... Sauf qu'il les laisse justement à eux-mêmes quand cela l'arrange et qu'il est capable des pires conneries pour pouvoir notamment assurer son taff... Le summum constitue bien sûr ce petit somnifère qu'il leur donnera en calculant soigneusement la dose et qui les fera dormir pendant quatre jours dans un semi-coma. Un ado dans le corps d'un pseudo père.

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Alors oui, c'est vrai qu'on comprend assez vite le principe (le père, tancé par le directeur d'école par rapport au comportement des gamins, qui l'envoie paître à son tour) et qu'on se dit qu'on va assister aux délires d'un type un rien égoïste (quand il veut sortir, tous les moyens semblent bons pour trouver un baby sitter), aimant, mais un rien maladroit, foutraque... On serait prêt à rire de la situation quand on voit à quel point ce pater, qui passe son temps à chahuter avec les bambins plutôt que d'imposer des temps calmes, est un anti-modèle d'éducation, semble n'avoir aucune limite dans la liberté donnée aux bambins... Sauf que. Sauf que rapidement, ce petit côté drôlatique devient pathétique (il ne se remet jamais en cause), voire franchement saoulant (le somnifère, et toutes les conneries derrière qu'il enchaîne, lui font frôler le drame... sans que cela remette une nouvelle fois en cause ses principes - même si sur la dernière image, "il prend de la hauteur", on se demande si le type n'est pas franchement indécrottable...). Le portrait tourne au jeu de massacre et on finit par se demander si derrière cette autobiographie à peine cachée, les deux frères Safdie n'en ont pas rajouté des louches pour corser à dessein le portrait... Un fond qui, finalement, d'ailleurs, met un peu mal à l'aise tant l'on finit par sentir un peu trop la tendance à dessiner à gros traits ce personnage de loser sans limite. Dans la forme, venons-y tout de même, les frères Safide jonglent avec la caméra comme Lenny avec les pommes de terre, capables de torcher des plans sous tous les angles (ils ont perdu le pied de la caméra, c'est clair) tout en faisant constamment tourner la machine ; il y a déjà ici une énergie dans les scènes, dans le montage, dans les personnages qui fait que, malgré quelques facilités scénaristiques, on suit la chose sans jamais vraiment s'ennuyer, admiratif de ces multiples rebondissements, coups de sort, dont le père finit toujours par se relever - une sorte d'énergie du désespoir salvatrice. On sent, à la vision de cette œuvre de jeunesse, qu'il leur faudra un peu affiner leur style mais on sent déjà à l’œuvre deux vrais cinéastes capables de faire vivre chaque petit bout de pellicules - et c'est pas rien. Poussif un poil dans le fond mais jamais passif dans la forme.

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Commentaires
S
Oui, deux semaines par an c'est violent. Mais c'est ce que j'avais compris. Je me suis dit que c'était peut-être une façon filigranatique d'introduire le père : d'entrée on se dit qu'il doit y avoir un truc qui cloche (et puis je ne connais pas les lois américaines mais on sait tous qu'elles peuvent être vachardes). C'est vrai que ce père est plutôt insupportable sur le long terme, seulement sa fantasquerie communique bien cette énergie newyorkaise.<br /> <br /> <br /> <br /> A vrai dire la seule preuve que j'ai que les huissiers se reproduisent c'est qu'une étude se transmet de père en fils. Ou ils se clonent ? Parce qu'ils semblent naître adulte.
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S
Pour la garde, c'est un peu trouble, j'avoue, niveau alternance (deux semaines - deux semaines ou seulement deux semaines par an (cela me paraît court ?) mais passons)... Bon, bien sûr que les deux gamins devenus grands semblent pardonner tous les excès de ce pater plus irresponsable qu'un ministre de l'éducation. Je dis pas. D'autant qu'il n'est pas chien pour les emmener dans ses délires ; seulement, on se lasse un peu de ces excès d'enfantillage constant où l'autocritique est totalement absente. Après, autant pour le cinoche que pour le fun, c'est clair que c'est un meilleur client qu'un huissier eheh. (c'est quoi le taux de suicide chez les enfants d'huissier, j'ai pas les chiffres ?)
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S
C'est quoi le pire ? Un père un tantinet dangereux qui aime incontestablement et énergiquement ses enfants, ou un père responsable, sans amour et doté d'une fantaisie d'huissier ? "Merci pour tout ça (le cinéma, ta douce folie, ton cœur) et on te pardonne le reste (le danger, ton absence, ta douce folie)" semble être le message du film. (Et il me semble qu'il a la garde de ses fils deux semaines par an.)
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