Il était une Fois en Chine : Le Tournoi du Lion (Wong Fei Hung III : Si wong jaang ba) (1992) de Tsui Hark
Troisième volet des aventures de Jet Li as Master Wong dirigé par un Tsui Hark de plus en plus fou furieux. L'histoire, en deux mots, va se centrer autour de cette incontournable chinoiserie qu'est la danse du lion comme son titre l'indique. Après une introduction quelques peu démonstratives devant la Cité interdite (plus de traces d'étudiants, non) avec deux millions de sauteurs au moins qui s'en donnent à coeur joie sous leur parure de lions aux yeux globuleux, on suivra l'ami Jet qui débarque dans la capitale et qui devra se battre sur deux fronts : combattre une saloperie de dirigeants d'une secte qui veut à tout prix remporter le fameux tournoi du lion (il aura lieu devant le premier ministre lui-même) et tenter de vaincre de fourbes russes qui projettent un attentat en ce jour de tournoi et de fête... Bon, on s'en fout toujours un peu de ces prétextes pseudo historiques, si ce n'est que cela va donner lieu une fois encore à moult et moult combats... Si l'introduction est une véritable démonstration de force (et de couleurs, et de mouvements...), on aura surtout droit par la suite à une master class de Jet Li dans l'envol, le jeu au pied, et le renvoi dans ses 22 de tout objet tranchant (lance, épée, couteau, fourchette, lime). Il a pour principal adversaire un type complétement starbé (Ghost foot seven... le "pied fantôme numéro 7" - un hommage à Ronaldo ?) qui progresse souvent à ras de terre et balaye avec son pied tout ce qui se trouve sur son chemin. Le type a véritablement la guiguitte comme dirait mon grand-père et fera des ravages autant dans les structures en bois que parmi les jambes de ses adversaires - il aura bienheureusement le choix de la rédemption, l'aspect moral (et peu rancunier) de l'histoire... On notera en passant, comme cela, un peu en vrac à l'image de ce film franchement agité (ah oui la vision d'un film de Tsui Hark ne peut se faire qu'au petit matin tant le truc et plein de bruits et de fureur... on peine parfois à imprimer vraiment la chose tant les caméras s'agitent dans tous les sens, grand dieu) la jolie scène où des chevaux sauvages (tintintin) partent en furie totale en plein défilé (et en plein combat) de lions dansant (le cheval est-il pour Tsui l'équivalent du pigeon chez Woo ?) ou encore le passage de cette chère Rosamund Kwan (l'éternelle future épouse de Wong dont la timidité est désespérante - ce ne sera pas encore à ce coup-ci qu'il trouvera le temps de lui passer la bague au doigt) de la photographie à la caméra : elle filme son héros et filmera (malgré elle, certes) un incident en marge des défilés (Tsui se fait depalmesque ? n'exagérons rien...). On doit reconnaître que le Jet, en pleine forme, fait des sauts de plus en plus hauts (comme une fusée diront les mauvaises langues) et que les chorégraphies des combats au milieu de ces lions qui s'agitent en tout sens sont de plus en plus chiadées (ou bordéliques, suivant les goûts) à tel point que le cinéaste se sent obligé de truffer ses scènes de ralentis pour que l'on ne manque rien, des épées qui partent en l'air aux reprises de volées magistrales de notre homme volant. Les amateurs de combat auront droit ici à une nouvelle démonstration de force de Tsui, à de nouvelles prouesses grandécartesques d'un Li pliable à volonté, les amateurs de vent et de sérénité passeront eux une nouvelle fois leur chemin. Nous voilà à la moitié de la fresque, on tire un peu la langue d'autant que Tsui (il est ce qu'il est mais il reste le maestro du genre) passe, me semble-t-il, la main pour le prochain volet. On va reprendre son souffle, hein.