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13 mai 2022

C'est toi mon Amour (انت حبيبي) de Youssef Chahine - 1957

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Il faut bien vivre, on ne saurait reprocher à Chahine d'avoir réalisé, au milieu d'une filmographie forte en sommets, quelques creux, de ces films faciles à faire et à regarder qui ne mangent pas de pain et en rapportent un peu (du pain). Pas grand chose à tirer de cette farce du re-mariage inversé, qui lorgne du côté de la comédie italienne et des sophistications à la Cukor sans jamais atteindre ni l'humour de la première ni la subtilité de la seconde. Tout ce qu'on peut en dire, c'est qu'on passe un moment pas désagréable, allez, trop long mais plaisant, à regarder cette valse des amoureux sur fond de romances sucrées (on est presque dans la comédie musicale, les chansons venant régulièrement aérer la trame) et de libération de la femme. Si, autre chose quand même : on constate qu'en Égypte dans les années 50, les mœurs étaient beaucoup plus libres qu'en 2022, que les femmes avaient droit à la parole, que l'égalité des sexes était un vrai débat. C'est toi mon Amour a au moins un ton un peu sexy, et témoigne d'une saine vision des sexes, qui n'a guère à envier aux films dont il est l'héritier.

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Farid et Yasmina doivent se marier pour arranger les affaires financières de leurs familles ; le souci c'est qu'ils se détestent cordialement, fricotant chacun de leur côté avec d'autres amant(e)s. Sous la pression, ils décident pourtant de s'épouser, avec comme objectif de divorcer dans un mois, une fois la dot encaissée. Leur voyage de noces, perturbé par l'arrivée de leurs amants, va gentiment faire virer leur opinion, et l'amour triomphera enfin : nos deux ennemis jurés finiront par se rouler de vigoureuses pelles, après moult crises de jalousie, bagarres épiques, entourloupes machiavéliques opérées par les uns ou les autres. C'est bon enfant, certes, et on regarde avec bonhomie ces petites situations croquignolesques, absolument convaincu de la finalité de ce scénario cousu de fil blanc. Les acteurs se dépensent avec énergie, mais manquent un peu d'envergure pour être vraiment marrants : entre ce De Funès du pauvre, qui accumule les grimaces jusqu'au gênant et cette hystérique assez crispante, on peut dire que Chahine n'a pas eu du nez pour choisir ses interprètes principaux, excellents chanteurs sucrés mais piètres comédiens. On aura plus de satisfaction chez les seconds rôles, notamment chez la maîtresse du gars, une sorte de Rita Hayworth vulgaire qui amène enfin un peu de folie et d'humour à ce scénario poussif. Mille fois trop long, le film accumule des chansons de 18 minutes pour faire croire à de la fantaisie, et tire à la ligne pour envoyer des répliques à la Lubitsch qui ne font mouche qu'une fois sur 5. Quant à la mise en scène, elle est au moins classique et efficace, même si elle manque un peu d'invention et de caractère. Un film de divertissement, pas antipathique, mais très anecdotique (entre Les Eaux noires et Gare centrale, deux de ses plus grands films) dans la carrière du garçon.

s,725-435749

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