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6 mai 2022

Egō (Pahanhautoja) d'Hanna Bergholm - 2022

1827117

Un petit film d'horreur psychologique sur fond d'émancipation, ça vous dit ? Comment ça, c'est le 17ème que vous voyez cette année ? Allez, juste un œil, d'autant que ce Egō n'est pas trop dégueulasse, et pourrait même passer pour agréable dans ses meilleurs moments. Le contexte dans lequel il se déroule est carrément original : nous voici dans une famille modèle, tellement parfaite que madame en a fait un commerce lucratif en postant des vidéos sur Instagram : papa gentil, fiston à lunette, maman super bien coiffée, et surtout adolescente de fille aux talents de gymnaste, le tout dans un couffin rose bonbon idéal. Sauf que ce microcosme trop beau pour être honnête va un peu se fissurer avec l'introduction dans la maison d'un corbeau tout cracra, sorte de mouche sur la chantilly par laquelle le mal va advenir. La jeune Alli récupère un œuf de cet oiseau, symbole de la belle surface lisse de sa famille, et va le couver elle-même. Il en ressortira une créature monstrueuse, mi-oiseau mi-dégueulis, qui se prend d'attachement pour Alli. C'est la première partie du film, qui a un côté E.T. assez sympathique : il faut cacher le monstre baveux et moche à la famille, d'autant que celui-ci s'avère un brin agressif quand on s'en prend à la jeune fille. On est plus dans le merveilleux que dans l'horreur, mais l'introduction de cette tâche dans le monde parfait de cette petite communauté sans aspérité fait plaisir, et Bergholm sait insuffler dans son film des éléments parfaitement immondes pour renforcer encore le hiatus (la bête se nourrit du vomis de l'adolescente, par exemple).

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Puis peu à peu, en s'assombrissant, le film dévoile ses cartes, et devient nettement plus intéressant. La créature se transforme et on comprend assez vite qu'elle est la projection concrète des frustrations d'Alli, sa face sombre qui s'est incarnée en une seule bestiole. La fillette reste pure et belle, son double négatif devient de plus en plus monstrueux et envahissant, les morts s'accumulent, et quiconque touche à un cheveu de la môme se voit inexorablement rayée de cette terre. "C'est moi qui l'ai créée", gémit toute dépitée Alli, dépassée par cet animal qu'elle a effectivement nourri de son sein, et qui représente finalement la nouvelle Alli, émancipée du joug de cette famille trop parfaite, devenue enfin impure et bestiale. Non seulement c'est assez intelligent, mais la mise en scène se fait nettement plus sombre, et Bergholm réussit quelques images traumatiques assez fortes : une silhouette en petite chemise de nuit mais toute cabossée et hideuse, une fille toute seule sur la route sombre, un petit garçon au masque sans trait seul dans une chambre, la bête qui gratte à la vitre pour avoir son bol de vomis... Le film hésite encore trop souvent entre le simple fantastique et l'horreur, et envoie quelques séquences un peu inutiles pour remplir ses 90 minutes. Mais on constate l'effort, on apprécie cette petite comédienne habitée, et on note à nouveau le louable effort pour tenter de dire des choses sérieuses (ici, les frustrations et blocages d'une jeune fille à l'orée de l'âge adulte) par le biais du genre horrifique. Pas mal.

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