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20 avril 2022

Remous (Sodrásban) (1964) de István Gaál

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Et la Nouvelle Vague hongroise, on en parle ? Ce Gaal ne touche peut-être pas au Graal mais parvient dans ce film qui nous prend tranquillement dans ses rets, dans ses remous tiens justement, à dresser un portrait pour le moins touchant de la fin de l'adolescence, de la fin de l'innocence, de la fin d'un été... Rien de bien nouveau me direz-vous dans ce portrait de huit jeune gens qui s'égaient au bord d'un lac, si ce n'est cette façon très belle de les filmer dans ce cadre apaisant, si ce n'est ce soudain coup du sort : la disparition brutale de l'un d'eux, laissant tout le monde sur le flanc, sur la rive... Tout avait commencé pour le mieux au sein de cette petite troupe qui fait les fous dans ce cours d'eau dont on connaît pourtant les caprices. On se course, on se jette de la boue, on fait les sauvages, on tente des petites approches, on se fait rabrouer, tout cela est gai, fleure bon l'insouciance en cette bien belle journée. On est dans la liesse, dans la joie et Gaal filme cette petite troupe avec dynamisme, livrant dans des cadres larges un joli portrait de groupe. Puis ce con de Gaby disparaît... Il était là, dans l'eau, puis plus... A-t-il mal pris une remarque de son "flirt", s'est-il senti diminué face à ces gaillards, a-t-il eu un coup de mou, est-il parti sur un coup de tête ? On le cherche, mais le fait est : ses habits sont encore là, sur la rive... Las, on rentre au village pour prévenir la police... Le glas a comme sonné nos jeunes gens... Un jour sans nouvelle, puis deux...

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Dès que cette disparition est actée, le petit groupe éclate, et chacun d'y aller de ses commentaires, des ses accusations, de ses inquiétudes... J'ai déjà perdu le souvenir de son visage, votre petit jeu l'a mis mal à l'aise, il m'avait téléphoné il y a peu mais je n'ai pas donné suite... Tout le monde se perd un peu en conjectures, se remémorant autant le disparu que pensant déjà à son avenir personnel... des couples se séparent, des individus se concentrent sur leur prochain départ, leurs prochaines études, d'autres retournent à leurs petites occupations locales - comme si tout ce temps passé ensemble à rire, à parler, à crier, à délirer, se devait de toute façon, à un moment ou un autre, de se diluer... Dans un plan absolument magnifique, deux jeunes sont témoins de la petite cérémonie que donne la grand-mère du disparu sur le lac (elle a déjà perdu son fils...) : un plan à couper le souffle, par l'angle de prise de vue, par le troublant noir et blanc, par la composition du cadre, par la douceur et la sérénité qui s'en dégagent - malgré une atmosphère triste à mourir (cette petite flamme qui se meut sur l'eau...). On sent dans les dernières bobines que se joue là toute la fin d'une époque et que cet événement a agi comme le catalyseur de ces jeunes atomes voués à suivre chacun leur route. Pasolini évoquait à propos de ce film à la fois la fraîcheur et la poésie, on ne saurait mieux dire. Une œuvre qui mine de rien vous remoue le coeur et entérine la fin de tous les étés.

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