Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
15 avril 2022

Tenderness (Neha) (1991) de Martin Sulík

vlcsnap-2022-04-14-18h56m31s765

Voilà le genre de film, ma foi, où il peut sembler un peu difficile d'avoir un avis tranché tant l'on sent que certaines choses (sur un plan métaphorique, disons) nous échappent. Si Sulik nous avait franchement ébloui avec Zahrada (1995 - gros coup de coeur personnel), il est ici plus ardu, dans cette seconde œuvre du sieur, de cerner tout les tenants et les aboutissants de la chose. Est-ce par qu'il y a ici une allégorie de la situation de la Slovaquie en cette période charnière ? Possible. Pas facile de se prononcer sur le coup, mais on sent bien qu'il y aurait sans doute là une petite vision, en creux, de ce contexte géo-politique si particulier. Mais bon, concentrons-nous malgré tout sur cette histoire de relation à trois comme on les aime. Un couple apparemment établi croise un soir, dans un resto, notre jeune héros, Simon. Alors même que la donzelle dans la trentaine, Maria, élégante femme blonde, racée, est en froid avec ce mari un tantinet distant et provocateur, Victor, celle-ci s'approche de notre gars Simon, seul à table ; elle invite ce dernier à danser : pour le charmer (cela fonctionne), pour rendre jaloux son compagnon (cela fonctionne), on ne sait trop... Toujours est-il que ce trio se retrouve chez le couple à passer la soirée ensemble et qu'une étrange relation va s'en suivre entre un Victor, manipulateur à souhaits, une Maria un peu perdue en apparence et un Simon curieux mais sans doute un peu naïf...

vlcsnap-2022-04-14-18h55m40s861

vlcsnap-2022-04-14-18h55m59s900

C'est un petit jeu qui se met en place entre ce couple "établi", au passé trouble (et sur lequel on apprendra au fur et à mesure quelques infos cruciales), et ce jeune homme aux aguets, prêt à prendre sa part du "gâteau"... Par deux fois Victor lui servira sur un plateau la possibilité de coucher avec une femme (après Maria, il y aura Marta...) et l'on ne sait trop si cet aîné cherche simplement à manipuler son monde (il peut être très dur avec les femmes comme il peut se moquer de ce jeunot un rien empoté), à s'auto-détruire (il risque de perdre l'affection des deux femmes), ou encore simplement à tenter, à initier le jeune homme... Il y a chez ce Victor quelque chose d'un rien pervers et on a bien du mal à deviner véritablement son dessein... Plus il s'expose, plus il dévoile le passé de Maria, et moins on arrive à comprendre cet individu peu sympathique au demeurant ; la fin nous livrera une clé sur ces agissements (Qui se retrouve finalement le plus berné dans l'histoire : la femme, le jeune homme ou ce Victor ? - vous verrez, vous verrez) mais on aura malgré tout un peu de mal à tirer une véritable "morale" de l'histoire (ne jamais sous-estimer ces aînés ? Ne jamais tout prendre pour acquis quand on débute dans la vie ? Ou encore : seule une collaboration entre l'ancienne et la nouvelle génération pourra déboucher sur une "renaissance" de ce pays tout neuf... Mouais, why not). On reste un peu hésitant face à cette œuvre qui se la joue très low key mais qui maîtrise à la perfection cette tension et cette "hésitation" dans les relations humaines (et la tendresse, bordel ? guère au programme ma bonne dame) - on n'est jamais très loin d'un Antonioni pour tenter une référence pour le moins flatteuse mais loin d'être inapproprié. Un rien déconcertant, donc, mais un sens de la mise en scène inéniable - un cinéaste prometteur, comme on dit ; Zaharda, en tout cas (qui est aussi un peu plus "accessible", sûrement), emportera tous mes suffrages quatre ans plus tard...

vlcsnap-2022-04-14-18h55m21s088

Commentaires
Derniers commentaires