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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 avril 2022

Z (1969) de Costa-Gavras

"- Plus de capitalistes, plus d'ouvriers, plus de gauche, plus de droite, tous unis, un seul peuple, c'est ça qu'il faut pour notre pays !
- Oui mais pour cela, il faut tout balayer !
- D'accord, mais il faut commencer par la vermine intellectuelle !
- Le LIBRAIRE, à 100 mètres d'ici !!!"

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Il est bon de revoir quelques classiques pour se préparer au mieux à l'arrivée éventuelle de la dictature dans les jours qui viennent. Z, lettre tristement prophétique même si elle s'applique ici au héros pacifique de notre histoire, c'est tout un condensé des œuvres politiquement engagées du triumvirat Costa-Gavras-Semprun-Montand, une œuvre qu'on se tapait en son temps un mardi sur deux aux Dossiers de l’Écran. Nonobstant, il est bon de se rafraîchir la mémoire, de se replonger dans cette démonstration de manipulation politique, tout en prenant plaisir à retrouver un casting vintage XXL : du côté du bon, de Montand of course, une pléiade de seconds couteaux incontournables (Denner, Fresson, Bouise...), du côté des petites frappes, des flics, et de l'armée (la brochette royale), une galerie de tronches (Bozuffi, Guiomar, Dux, Salvatori...) et au milieu de tout cela un petit juge à la voix si douce, l'irremplaçable Trintignant... Une belle brochette d'acteurs pour rendre compte de ce scandale politique : Montand, à la sortie d'un meeting, se fait matraquer. Sa vie est en jeu et l'enquête se met en place pour déterminer les circonstances de sa chute : simple accident de la route ou véritable coup monté pouvant remonter haut, très haut ? Une intrigue parfaite pour démonter un à un tous les rouages d'un gouvernement totalitaire... Il y a là la fiction, bientôt la réalité ?

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Quel étrange acronyme que celui choisi par ce groupuscule d'extrême droite uilisé par le pouvoir : le CROC ou combattant royaliste de l'occident chrétien - ça ne vous rappelle rien ? Allez faites un effort. Ce CROC, composé en partie par les bons commerçants sains de nos villes, ces anti-corps de la société, va en effet se retrouver au centre de toutes les discussions, de tous les coups fourrés... Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs et cessons surtout de nous embarquer dans les méandres de cette histoire très joliment troussée. Ce que l'on apprécie en effet particulièrement aussi, c'est l'entremêlement des fils narratifs et cette intelligence du scénario qui, pour éviter un exposé plat et chiant des faits, ne cesse de varier les plaisirs. On saute d'un personnage à un autre (l’entourage de Montand, puis le journaliste (Perrin, tout jeunot), puis le juge...), chacun à sa manière enquêtant, remontant des pistes, interrogeant, révélant peu à peu comment s'est déroulé le meurtre et les liens qui unissent untel et untel. C'est diablement malin au niveau de la construction, Costa-Gavras pimentant même la chose avec deux trois petites scènes d'action efficaces à souhait toutes accompagnées d'une musique allant tambour battant. Malice du scénario, donc, du "montage des séquences" qui s'enquillent façon poupées russes, mais également dynamisme des scènes elles-mêmes, dans leur montage mais aussi dans la façon de les filmer, de les mettre en scène ; c'est le grand Coutard aux manettes et le bougre semble vouloir, surtout dans la première partie, faire voler en éclat le classique champs/contre-champs ; sa caméra semble capter à la volée les personnages sans tomber dans le cadrage (désormais célèbre) tout tremblotant à l'épaule ; on a une caméra, notamment lors des échanges très vifs  entre les membres de l’entourage de Montand, qui virevolte d'un personnage à un autre mais avec une grande maîtrise des cadres, une fluidité épatante dans les changements d'angle. Du coup, sur un sujet tout de même assez lourd, la pilule passe tout droit, comme si la forme permettait de huiler à la perfection le côté politiquement indigeste et foncièrement pourri du fond. Un film politique vintage de référence ? Allez, on opine.

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Commentaires
S
Hommage un poil en avance à Jacques Perrin ! Ben si, quand même.
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