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10 avril 2022

Barzakh (2011) de Mantas Kvedaravicius

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Mantas Kvedaravicius, cinéaste lituanien qui vient de disparaître prématurément à Marioupol (eh oui, on suit l'actu, aussi, parfois), nous livre en 2011 un documentaire tourné entre 2006 et 2009 en Tchétchénie, une Tchétchénie sous le joug russe et qui continue de compter ses absents (de jeunes gens, pour la plupart, furent kidnappés, beaucoup ne furent jamais retrouvés ; d'autres furent torturés à mort, d'autres en réchappèrent, portèrent plainte et jamais indemnisés après des procès de pacotille). Il s'intéresse précisément ici à un certain Hamdan dont la famille est toujours sans nouvelle depuis six ans. Mais elle espère... Disons-le sans être putassier (quand on est mort, on devient immédiatement plus attractif...), Mantas réussit un doc d'à peine une heure particulièrement réussi : si on compatit forcément aux interviews de ces femmes qui désespèrent de revoir un jour leur homme (mais il y a toujours un infime espoir que, même si objectivement, hein, faut pas rêver... ), au propos de ce type dont on a coupé l'oreille, qu'on a laissé pour mort et qui a fini tout de même par survivre, on ressent, grâce à des plans judicieusement choisis sans être sur-signifiants (une porte qui se ferme, un enchainement de pièces vides dans un bâtiment en ruines où résonne l'écho de voix...), grâce à des images, des métaphores pertinentes (Barzakh est ce lieu entre la vie et la mort où errent certaines personnes - les plans sous-marins pour évoquer ce concept sont là aussi particulièrement... troublants), à ressentir ce sentiment de vide, de désarroi qui habite ces habitants d'une Tchétchénie victime d'exactions, de meurtres, de tortures... laissés totalement impunis... Un prémisse à..., bien sûr, mais un peu facile de le dire maintenant... Kvedaravicius ne joue pas la carte du lyrisme, du pathétisme à tout prix, ne cherche point à traquer chez les autres une envie de vengeance, de justice, ou un quelconque discours nationaliste, il se "contente" et c'est tout à son honneur, de laisser parler ces gens meurtris qui n'ont aucun recours, qui sont bel et bien victimes mais qui n'ont personne vers qui se retourner. On flotte dans ce doc où l'on sent le regard souvent dévasté, perdu de ces gens comme on pénètre dans ces eaux troubles, verdâtres où l'horizon reste flou, sombre. Une région et des gens massacrés, oubliés auxquels le cinéaste tente de donner une forme, un visage... Hommage, donc, appuyé, à ce cinéaste dont cette première œuvre découverte... un peu tard vaut sincèrement le détour.

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