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31 mars 2022

Eroica (1958) de Andrzej Munk

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Cela faisait un petit bout de temps que j'avais un peu perdu de vue les pépites (souvent de l'Est) de la magnifique collection Second Run. Je rattrape le temps perdu avec ce film plein comme un oeuf d'un petit humour grinçant, décalé, comme on les aime. Munk nous offre ici deux histoires pour le prix d'une : la première se concentre sur un homme qui, en pleine guerre, lors du soulèvement de Varsovie, entre occupation NAZI, présence (opportuniste) de troupes austro-hongroises et rapprochement des soldats russes, va devenir, un peu malgré lui, un messager au rôle crucial (ou pas). Notre homme, plus doué a priori pour survivre que pour jouer les va-t-en guerre héroïque, traverse les barrages avec un certain sens de la malice... Finira-t-il par remplir sa mission avec succès, là est la question mais pas forcément l'intérêt essentiel de la chose. En effet, tout est ici dans l'atmosphère qui oscille constamment en drame et comédie ; dès le départ, on sent que le souci principal de notre homme n'est pas tant de mourir de façon héroïque, l'arme à la main mais de finir vivant... Guère motivé, en tant que nouvelle recrue, par l'entrainement militaire, il décide tout bonnement de rentrer chez lui - il trouve sa femme dans les bras d'un gradé hongrois mais ne se formalise pas pour autant... Non, notre gars, tant qu'on ne lui tire pas dessus, n'est pas vraiment du genre à jouer les willsmith du pauvre... La suite sera tout autant cocasse, notre homme se retrouvant nanti d'une mission d'importance, flirtant plus avec le danger qu'avec sa femme (dont les apparitions sont toujours inattendues et drolatiques), et, comme tout bon Polonais qui se respecte, prouvant son allégeance totale à la dive bouteille... Notre "héros" atteindra alors des sommets dans son petit côté bravache... Outre le fait de nous plonger dans un contexte de seconde guerre mondiale pour le moins complexe, Munk tente, sans jouer les fier à bras, mais avec une causticité de bon aloi, de mettre en scène un homme lambda polonais qui joue plus au héros qu'il ne le devient vraiment... Entre situation tendue (et remarquablement rendue - on est bien au milieu de la guerre) et satyre, cette kermesse héroïque de ce drôle de messager est au final assez finaud. La seconde partie, elle, nous plonge dans un camp où se retrouvent anciens et nouveaux prisonniers. Là aussi, Munk parvient à ne jamais trop plomber l'ambiance malgré les circonstances pour le moins dramatiques : s'il y a parmi les prisonniers des responsables qui se font un devoir de ne parler qu'entrainement militaire et respect du règlement, la plupart d'entre eux semblent plus intéresser par un paquet de cigarettes ou un pot de confiture que par une quelconque rébellion... Un seul homme est parvenu par le passé à s'échapper du camp, un homme dont on a fait immédiatement un héros et dont on ne tardera pas justement à avoir des nouvelles... Un autre homme pense à s'échapper mais c'est plus par besoin de solitude, par envie de quitter cette bande de soldats un peu lourdauds que par héroïsme. Une nouvelle fois, Munk trouvera le moyen d'osciller habilement entre situation dramatique et petit ton sardonique. Une, que dis-je, deux authentiques tragi-comédies polonaises subtilement mises en scène ? Pas mieux.

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