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23 février 2022

Osôshiki (1984) de Jûzô Itami

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Vous avez reçu une invitation pour participer à un enterrement au Japon ? J'ai le film qu'il vous faut absolument consulter avant de monter dans l'avion... Itami, avant le succulent et truculent Tampopo qui a ici ses fans (il s'agit ici de son tout premier film), se penche sur l'un des rites très codé du Japon : les funérailles. A la mort du grand-père, toute la famille (le couple de base et leurs deux gosses, le frère du défunt, les cousins...) et les voisins vont être conviés pendant deux trois jours pour effectuer toutes les cérémonies inhérentes à la chose... Notre couple (ils travaillent tous les deux comme acteurs dans des pubs télé - ambiance almodovaresque au début du film), est novice dans ce domaine et fait tout pour respecter à la lettre tous les incontournables, du cercueil au crématorium en passant par l'autel ultra décoré, la venue du prêtre, les repas divers etc... Itami prend son sujet au sérieux et tente de nous montrer tous les dessous du bazar ; forcément, heureusement, il ose tout de même distiller tout du long des petites pointes d'humour pour que cette œuvre reste appétissante...

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Alors oui, bon, cette oscillation, entre drame quotidien sérieusement reconstitué et petits gags caustiques, permet à ces derniers, les cas échéants, de briller un peu plus : Itami s'amuse du ridicule, du hiatus entre la mort et la vie qui continue et cet humour reste prégnant tout au long du film ; on apprécie notamment cette petite partie de cul dans les fourrées entre le mari et une amante (notez la métaphore très légère du mouvement de la balançoire qui retranscrit à merveille les coups de boutoir... balançoire sur laquelle se divertit la femme dudit mari ce qui ne manque pas de piquant), ce vautrage d'un des proches alors même qu'il tente de se relever lors d'une cérémonie qui dure des plombes (même chez les nippons, rester à genoux trop longtemps file des fourmis - ce qui ne manque de), ou encore cet écart d'ambiance entre ce défunt qui repose sagement dans son cercueil et auquel tout le monde vient jeter un œil de temps en temps et cette soirée arrosée de saké où les langues vont bon train (et les éclats de rire gras, voire les chansons et les pas de danse qui s'enchaînent...). Si Itami semble se faire un devoir de nous montrer par le menu toutes les phases de ces funérailles (on a même droit à une vidéo d'un autre temps (sortie de Lost, des Messages à caractère informatif ?) qui explique à tout novice dans le domaine de la mort les us et coutumes à respecter, les petites phrases dignes à dire), il n'en oublie jamais de se départir de ce petit ton humoristique qui fait le sel de son cinoche... Avouons tout de même que ces éclats de rire demeurent un peu rares et que le côté banal, quotidien tient parfois un peu trop la corde (si cela parvenait à retranscrire une certaine émotion, un petit côté véritablement mélodramatique, pourquoi pas, mais ce n'est pas non plus franchement le cas). D'où l'impression d'assister à une œuvre pas inintéressante dans le fond, culturellement parlant, même, oserais-je, mais un peu molle au niveau du tapage de cuisse - c'est un rire sobre, finaud, gentiment décalé (entre le rire jaune et l'humour noir, voyez ?) mais un peu trop prévisible parfois ; certes, rien que la tronche du mari (l'excellent Tsutomu Yamazaki) est comique en soi et l'ensemble des acteurs demeure parfaitement dirigé (jusqu'aux gamins casse-couilles) ce qui n'est jamais négligeable ; à noter d'ailleurs, ce n'est pas qu'anecdotique , la présence de la légende ozuesque Chishû Ryû dans le rôle du prêtre qui montre qu'à quatre-vingts balais notre homme en a encore sous la pédale. Des funérailles réussies dans l'ensemble mais un peu trop sages à notre goût...

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