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REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
21 février 2022

Maternité éternelle (Chibusa yo eien nare) (1955) de Kinuyo Tanaka

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Considéré comme l'un des summums de l’œuvre de Tanaka (six films comme réalisatrice mais pas de la daube), Maternité eternelle, pour peu que vous ayez encore un cœur et un poil d'émotion à vendre, vous laissera sur le carreau. Non pas que l'on soit dans le mélodrame qui vous essore à mort en appuyant sur tous les effets, mais il y a suffisamment de petits drames intimes minutieusement mise en scène ici pour que vous y laissiez vos dernières larmes. L'histoire, puisqu'il faut en passer par là, n'est pas d'une complexité absolue : Fumiko, avec ses deux enfants sur lesquels elle veille précieusement, est malheureuse en amour  ; son mari, aigri, ne la considère point, lui parle comme un chien. Elle divorce et elle a bien raison ; elle continue de s'occuper de l'une de ses gosses (le fils, malheureux comme une pierre, vit chez son père), d'écrire des petits haïkus qui commencent à lui valoir une petite réputation (dans son cercle local - avant envoi aux journaux) et de fréquenter de temps en temps son amour de jeunesse... qui est marié à l'une de ses meilleures amies... C'est ici que va se jouer l'essentiel du drame ? Pensez donc, le type meurt subitement et cerise sur le gâteau Fumiko est hospitalisée pour une tumeur au sein... Son opération va quelque peu bouleverser sa vie... Ses poèmes, quant à eux, publiés, connaissent un certain succès, attirant à son chevet un jeune journaliste de Tokyo. Une ultime idylle, un nouveau départ... ? Attendons de voir...

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Tanaka, disons-le, comme les plus grands, troussent une histoire avec une multitude de personnages, à partir de petites scènes de la vie quotidienne, sans drame apparent au quotidien, mais finit par livrer une œuvre qui laisse à genoux, béat et exsangue... Si les tensions (elle et son premier mari), les tragédies (la mort soudaine de cet amour d'enfance... qui était lui-même en admiration devant elle) sont bien présentes, elles se règlent dans la douceur : un papier de divorce filmé en gros plan (exit le mari), un enterrement réglé en quelques secondes (exit l'amant potentiel). Le reste se joue dans la douceur, à l'image de ces haïkus si simples, si dépouillés et si expressifs à la fois. Fumiko est dévouée envers ses enfants (elle tente de récupérer son fils après le divorce) et continue d'écrire des poèmes qui vont droit au cœur... C'est au niveau du cœur, justement, en son sein, qu'elle est touchée et la réalisatrice va traiter frontalement du problème : cette ablation du sein laisse Fumiko abattue, désespérée ; son caractère se fait plus rêche mais s'adoucira au contact de ce jeune journaliste venu de Tokyo si prévenant envers elle... On suit cette petite chose nipponne comme on dévore des sushis, ahuri devant une telle facilité dans l'enchainement des scènes, fasciné par la vie qui traverse chaque plan et on tombe d'un HLM devant certaines scènes magnifiques (ce travelling sur Fumiko et son ami d'enfance, sous la pluie, puis cette caméra qui continue son chemin, laissant nos deux tourtereaux qui n'osent se dire qu'ils s'aiment à l'écart, sous leur parapluie... j'en frissonne encore), osés (ce plan en contre plongée filmé de "dessous le lit" : Fumiko, de face, dominant son nouvel amant, de dos, qui n'apparait qu'en ombre chinoise ) ou carrément transcendantaux (et le mot est faible : ces deux gamins qui se donnent la main à l'hôpital... popopoh). Portrait d'une femme de caractère, d'une femme, plus précisément, très effacée et qui laissa poindre son caractère, ses envies, ses désirs chemin faisant, portrait d'une femme aimante, humblement artiste, qui, touchée en son coeur, tentera jusqu'au bout d'aimer. Du beau et grand cinoche japonais des fifties.

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Commentaires
A
Oui, sur le carreau !<br /> <br /> C'est exactement ça.
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