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18 février 2022

Sous le plus petit Chapiteau du Monde (The Smallest Show on Earth) (1957) de Basil Dearden

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Ah oui allez, je passe aux aveux, je n'aime pas les gros barnum, ces grands chapiteaux toujours un peu prétentieux ou ces films d'intellectuels du dimanche qui pètent plus haut qu'une boule en métal ; j'aime le petit artisan, le travail minutieux, le truc à taille humaine, nostalgique sans être réac, piquant sans être douloureux. Et je dois dire que ce petit opus de Dearden (un Anglais, putain, un Anglais quand même...) a franchement toutes les raisons de me réjouir ; certes, l'idée de départ est déjà séduisante en soi : un jeune couple sans le sou (lui écrivain... écrivant en attendant de) fait un héritage inattendu : un cinoche ! Quand ils découvrent le cinoche de la ville, leurs yeux brillent et nos tourtereaux comptent déjà les pounds ; seulement voilà, ce n'est pas ce cinoche-là, mais l'autre, tout miteux, tout décati, brinquebalant, tenu par une brochette de vieux d'un autre temps qui leur échoit ; un héritage en dur peu substantiel et un héritage humain qui fait peur : la vieille à l'accueil, bougonne, le vieux projectionniste alcoolique (Peter Sellers, dans un nouveau petit numéro de transformiste), et un gardien tout poussiéreux qui n'a plus toute sa tête... Le couple veut vendre au boss du grand cinoche qui est en manque de parking mais, devant l'offre ridicule que le magnat propose, décide de faire croire qu'il va reprendre le cinoche - et finit même tout bonnement par le reprendre... Les conditions sont ric-rac (un matériel de projection des plus vieillissants notamment) mais le "Bijou" commence à retrouver son public... Jusqu'à ce que le projectionniste se remette gravement à picoler et que la machine déraille...

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Dès le départ, on est séduit par ce lieu, qu'il s'agisse de l'extérieur (il est pourtant proche d'une ligne du train qui le  fait quotidiennement rentrer en transe) ou de l'intérieur, vieux théâtre à l'ancienne transformé en salle de projection. Il faut retaper le bazar, retaper également le personnel qui sent le sapin, mais nos deux jeunes gens attirent assez vite la foule - faut dire, il y a de l'ambiance dans la salle, la salle vibrant dès qu'un train passe (au diapason des chevaux qui courent dans la plaine), ou la salle se réchauffant dès qu'on est dans le désert (on pousse à fond les radiateurs dans la salle des machine - puis une soubrette intervient au moment opportun pour distribuer des glaces...). L'endroit est boiteux, un peu miteux, toujours sur la corde raide mais c'est en quelque sorte parfait... On adore notamment cette parenthèse inattendue où les vieux, un soir, se projettent un film muet, la vieille jouant elle-même du piano : à la recherche d'un temps perdu, oublié, et la petite émotion pointe sans que Dearden nous la joue d'une quelconque façon vieillot, cinéma paradiso ; le temps d'une soirée, nos petits vieux retrouvent cette magie sans qu'il soit besoin d'en faire un pensum... Dearden trouve également au niveau du scénario la bonne petite astuce pour ne pas tomber dans le happy end facile, prévisible... Il s'arrange quelque peu avec la morale et c'est franchement de bon aloi quand on voit ce qu'il en résulte. Bref, du jeune qui n'en veut, du vieux qui s'accroche, du cinoche vintage aux allures de bamboche et un final caustique mignon comme tout. Le tout filmé et dirigé par un Dearden qui a toujours le sens du rythme et qui donne de la densité à chacun des personnages, même les plus petits. On va finir par se la taper un jour, cette odyssée des bandes de Basil, tu vas voir...

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