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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 juillet 2022

Pleasure (2021) de Ninja Thyberg

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Etait-ce vraiment le meilleur film à voir pour célébrer la Saint-Valentin ? J'aurais du mal à opiner du chef sans me départir d'un certain rictus dû au doute... Mais fi. Voilà donc une petite oeuvre qui nous vient de Suède (l'autre mais alors vraiment l'autre pays du fromage) et qui s'amuse à nous montrer les coulisses du monde du porno aux States (faut en signer de la paperasse avant de... mais n'est-ce pas un leurre ?). La question que l'on se pose tous, forcément, au préalable est claire : est-ce un milieu ultra à la coule ? On sent bien que non et Thyberg, on le sait, devra forcément ici enfoncer quelques portes ouvertes (j'ai bien dit "portes") pour tenter de nous le prouver, female gaze aidant... Avant d'aller plus loin, j'en vois d'autres qui lèvent la main au fond et qui s'interrogent : qu'en est-il des scènes de cul ? Je serai franc, passez votre chemin, sauf si une bite en érection filmée en gros plan dans un film "mainstream" (interdit tout de même au moins de 16 ans avec avertissement (...)) vous retourne l'âme. Passons. Il s'agit donc ici d'une jeune femme qui a quitté sa Suède natale où elle s'emmerde pour tenter de faire son chemin aux States dans le milieu du film de boule. Seulement voilà, elle n'est pas prête à tout accepter (vous avez une idée de ce qu'est une quadruple pénétration ?). Seulement pour réussir, il faut tout accepter et passer par des scènes... un peu trash... Donc elle s'y essaie (vous avez une idée de ce que peut représenter une double anale avec deux mâles montés comme des ânes ?), serre des dents (mais pas des fesses sur ce coup) plus souvent qu'à son tour, accepte de se faire prendre par tous les bords, frapper, ravale sa honte et grimpe les échelons... Mais cela en valait-il vraiment la peine ? La question est bien sûr ici toute rhétorique... L'idée, au départ, n'est pas si mauvaise : prendre le taureau par le membre, montrer la domination du mâle dans le milieu et les sacrifices que devra faire la pin-up pour gravir les échelons  à la force du périnée. Le tout filmé par une femme pour ne pas tomber automatiquement dans le graveleux... Bon... Encore eut-il fallu avoir un scénario solide (ici, hop, en deux temps trois mouvements tu passes de pouffe à ouf), un sens de la mise en scène, du montage, et des acteurs au niveau... On comprend pas trop non plus les choix (moraux) de Thyberg qui détourne le regard pour les scènes hot (ok, why not - enfin, c'était quand même le sujet) mais qui décide de nous montrer frontalement la violence (insoutenables, ces scènes de baffes), qui semble vouloir démonter cet univers bling-bling où les femmes sont habillées en soirée comme le rosbeef de ma grand mère le dimanche (sans le lard - quoique) tout en s'y roulant tout du long avec complaisance (des scènes de pacotille sans âme) et, pour couronner le tout, qui livre une conclusion d'un courage évident (quel sale milieu ! très artificiel et dégradant, même, oserais-je)... On s'attendait à un angle un peu nouveau, osé, voire original sur la question, et on assiste au pauvre parcours ringard d'une fille ringarde qui tombe dans tous les pauvres pièges de la chose avant une soudaine illumination (j'ai po d'ami, shit) pas franchement rimbaldienne. No pleasure, absolutely not, my Valentine...   (Shang - 16/02/22)

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Oui, un peu décevant, ce film qui s'annonçait sur le papier comme un machin enfin honnête et sans pudeur sur l'industrie du porno. On n'a guère de surprise : oui, ok, ce milieu est dur, les femmes dégustent, y a des maladies et des mâles dominants (ce gros porc qu'ils ont grimé comme Harvey Weinstein fait froid dans le dos), y a de la jalousie et des conséquences physiques, tout n'est pas comme sa surface le promet, bon. C'est sympa de le rappeler, mais on a un peu l'impression que Thyberg enfonce des portes ouvertes avec ce discours qui se veut lucide sur la pornographie. Plus original est cet angle choisi : montrer ça par le biais d'un regard féminin. Ca permet non seulement de pointer les tares du milieu, mais surtout ça montre la curieuse ambivalence qui baigne tous ces mâles bien membrés : certes, la femme dans ses films est traitée comme une traînée, un objet, une chose ; mais sur les tournages, elles sont bien traitées, vénérées presque par les mecs qui vont les insulter et les défoncer dès que le "Action" est prononcé. Honnêtement, Thyberg relève cette contradiction, montrant avec une certaine subtilité le mélange de dévotion et de mépris que ces pauvres hommes ont vis-à-vs des femmes. Dans le film, les hommes sont faibles, beaucoup plus que ces nanas qui leur louent leurs corps. Certaines scènes sont plutôt bien vues de ce côté-là, comme la fameuse séquence hard où des gusses crachent sur Bella, la giflent et l'insultent copieusement, avant de se faire tout mignons dès que la caméra arrête de tourner. Vanité masculine...

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N'empêche que ce discours un peu naïf (oulala le porno, c'est pas ce que ça paraît être !) donne à Pleasure des aspects de film pour ados, comme s'il s'agissait de prévenir les jeunes filles des dangers du milieu. Les détails du scénario d'ailleurs sont ceux d'un film pour ados classique, plein de ruptures avec la meilleure amie, d'ambitions et d'ascension des échelons, de jalousies et de "gros délires". Comme il est interdit aux moins de 16 ans, on se dit que Thyberg a peut-être raté son coup, et que ce n'est pas le bon public qui est visé. Quant aux scènes de cul, je trouve mon collègue un peu dur : elles sont là, et relativement frontales. L réalisatrice réussit quelques plans assez osés, comme cette énorme bite dressée devant la petite frimousse de cette jeune fille à peine sortie de l'enfance (l'effet est à la fois étrange, drôle et violent), ou cette scène de lesbianisme qui appelle les choses par leur nom, ou encore une fois la scène de domination masculine, frontale et brutale comme il se doit sans jamais montrer de sexe direct. Bon, rien à dire, Thyberg parle de son sujet, et le fait sans se cacher derrière sa main, tout en évitant le classement X, c'est malin. Je suis toutefois mon camarade sur tout le reste, scénario manquant de netteté, mise en scène dans les choux, interprétation floue. Audacieux et nécessaire, sûrement, mais trop branquignole pour convaincre...   (Gols - 09/07/22)

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