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27 janvier 2022

LIVRE : Pi Ying Xi - Théâtre d'ombres de Philippe Forest - 2022

9782072951930,0-7924149Bienvenue à la soirée diapos consacrée à la Chine proposé par Philippe Forest, sur le thème "mon nombril à Shanghai". Bon, dès le départ, le bougre en convient : il ne comprend rien à la Chine, ni à sa langue, ni à sa gastronomie, si à son art, ni à ses habitudes, ni à ses écrivains. Il va donc s'efforcer de nous décrire dans les 332 pages qui restent combien il n'y pige que couic. Un projet à la Chevillard, croirait-on, mais que Forest, lui, prend très au sérieux, parce qu'il SE prend très au sérieux. On ne plaisante pas, il est un écrivain consacré, aimé en Chine, qui peut à peu près parler de tout (de ses collègues chinois ou de Paul Claudel, du théâtre d'ombres ou des petits recoins de Pékin (nom donné par les cons à la ville de Beijing, et si le bouquin était doté de son, on jurerait entendre l'accent impeccable du gars)), il importe donc de lire avec componction les pages que le vénérable artiste consacre à ce pays. Bon. Il commence donc avec une anecdote trouvée dans un vieux Batman (éclectisme délicieux de la culture de ce grand écrivain, qui fait feu de tout bois, de Sollers à Batman) : un message d'appel à l'aide trouvé dans un "fortune cookie", et qui l'incite, lui le justicier, à entreprendre un voyage en Chine pour tenter de déchiffrer les mystères de ce message. Oui, bon, ok, il est invité aussi pour y faire des conférences, mais arrêtez d'être prosaïque. On apprendra dans les dernières pages que cette anecdote a été inventée, mais c'est pas grave, puisque ce mensonge lui a permis de comprendre à la page 328 pourquoi il avait fait ce livre (on est bien d'accord qu'écrire un livre, c'est comprendre pourquoi on l'a écrit ? Sinon, je remballe, moi). Moi je n'ai pas bien compris, mais je le crois sur parole : c'est une histoire de lieu dans lequel sa fille est morte jadis, enfin, un bordel sans nom.

Mais la Chine, oui, revenons à la Chine : eh bien ma foi, Forest enfile les truismes comme d'autres les perles pour faire de jolis colliers, et s'en montre très satisfait, merci. Jouant sur la modestie, il reconnaît à chaque ligne son manque de culture en la matière, et son incapacité à en dire plus sur un pays qu'il ne connaît pas. Ce qui ne l'empêche pas de dresser un fier catalogue de toutes les platitudes déjà lues ailleurs sur le pays. A chaque page, on se dit : pourquoi ? qu'est-ce qui a bien pu pousser ce type à écrire sur un sujet qu'il ne possède pas ? et on continue dans l'attente de savoir enfin le secret. Ça donne un aspect pour le moins décousu à ce texte, qui passe du coq à l'âne avec une belle santé, frôlant en surface tous les aspects de la vie sinisante, sans jamais s'y attarder puisque, n'est-ce pas je ne suis pas compétent, même Pearl Buck n'y comprenait rien, alors hein. Il faudra se contenter de ça. Et puis de toute façon, ce n'est qu'un prétexte pour cacher le sujet principal du livre : Philippe Forest. On apprendra donc des choses édifiantes sur ses potes chinois, sur son essoufflement pour arriver à la Grande Muraille, sur son comportement pendant le confinement (auquel il a échappé de justesse, puisqu'il était à Wuhan 15 jours avant, bon sang (la partie aventures du livre)), sur sa vision du théâtre et de la littérature chinois, sur ses goûts en matière de cinéma, sur ses lectures, sur sa méfiance des réseaux sociaux, sur son dégoût de la politique, bref tout ce qu'il faut savoir sur Forest quand on veut briller en salon. Le tout bien entendu enrobé dans des phrases d'une délicieuse complexité, à l'orthographe parfait, d'un raffinement total à vous faire lever le petit doigt de ravissement. Pi Ying Xi est une merde qui ne concerne que son auteur, une aberration éditoriale, l'exemple de ce que la littérature peut produire aujourd'hui en terme de livres inutiles et auto-centrés. On aurait presque envie de relire Pearl Buck.

Commentaires
M
Bon sang ! Quel éreintement ! Que dis-je ? un dégommage à coups de balles doum-doum, un passage à la scie circulaire, dziiiiuuuiiiinnnng ! un démembrement à la machette et à l'écartèlement, un désentripaillage à la chignole à six rasoirs, splic-cog-plog-zoum, splic-cog-plog-ziziiimzoooouum, un passage à la moulinette à manivelle en enfonçant bien avec le talon. Bon, vous n'avez quand même pas la verve ni la violence jubilative de Papacito, mais c'est pas trop mal. Je ne connais pas Philippe Forest, dont je me fous, mais si vous dégonfliez au marteau-piqueur Sollers ou Duras, ça ferait plaisir à une personne au moins.
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