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26 janvier 2022

La Ville de la vengeance (The Restless Breed) d'Allan Dwan - 1957

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Moi j'aime bien Allan Dwan, surtout quand il s'adonne à son exercice favori : nous concocter un petit western modeste et discret qui sort de derrière les vieux fagots classiques du genre. C'est le cas avec The Restless Breed, attachante petite chose sans esbroufe, western relativement tardif mais qui ne joue jamais sur l'ironie ou le dévoiement. Dwan réalise un film dans la tradition, sans humour, sans distance, sans travailler sur la mort du western ; et si ça peut paraître démodé, voire un peu ridicule de faire ainsi la soupe dans la vieille marmite de grand-mère en niant le temps qui passe, on ne peut qu'applaudir aussi à cette constance, et saluer le vieux briscard qui a traversé toute sa carrière dans la modestie totale et le classicisme le plus noble. Rien que le scénario porte la marque d'une épure délicieuse : un homme arrive dans une ville pour venger la mort de son père. Point. Cette simplicité, qui sera à peine compliquée par un amour pour une belle jeune fille et un combat moral entre justice et passion, permet à Dwan de prendre le temps de dessiner de beaux personnages, et de s'intéresser à tout ce qui indiffère ses collègues du genre : la psychologie, les rapports humains, voire une certaine douceur de ton qui peut évoquer le Boetticher des grands jours.

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Le héros de The Restless Breed est en effet un garçon tourmenté et complexe. Guidé uniquement par sa soif de vengeance après qu'on ait tué son paternel sans autre forme de procès, il va trouver sur place de la résistance : on lui déconseille de se livrer à la tuerie aveugle, l'amour lui tombe dessus sans prévenir, et toute la ville va d'abord se montrer hostile à son funeste projet. C'est très joli de voir le garçon vaciller parfois face à cette injonction à la justice et à la morale. Il y a notamment toute une partie vraiment belle où, harcelé par ses doutes, il se soule consciencieusement la gueule, apparaissant faible et ridicule aux yeux de tous, et entre autres de sa belle. On voit rarement les héros de western dans une position de faiblesse, et ici le caractère de Mitch est plus épais que d'habitude. C'est Scott Brady qui se colle au rôle, et il est parfait : viril et sans peur dans ses scènes où il doit rouler des épaules, redevenu gamin dans les scènes où il doute, il campe un personnage aux antipodes de John Wayne, plus proche d'un Randolph Scott dans la "féminisation" de son personnage. Celui-ci évolue d'une fermeté butée et d'une conception de la vie binaire (la scène de séduction est d'une beauferie surprenante) vers une compréhension des ressorts humains (très beau geste du shériff qui lui tend son étoile avant de mourir, l'autorisant ainsi à laisser enfin libre courts légalement à ses pulsions). La mimi Anne Bancroft interprète l'orpheline aux grands yeux qui va capter l'attention de notre bougre, et outre qu'elle a une scène de danse pas immonde, elle apporte beaucoup d'émotion aux scènes d'amour. Tout ça est réalisé sans crânerie, avec justesse et précision. Ça manque un peu d'action, certes, mais on apprécie malgré ça le ton attentif et empathique du film, et on salue encore une fois avec respect le bon Allan Dwan.

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