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15 janvier 2022

Le Diable souffle d'Edmond T. Gréville - 1947

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Gréville gâche un peu son film, qui montre par endroits qu'il aurait pu être super puissant. Trop d'erreurs dans le casting, trop de flou artistique, trop de lourdeur, tout ça finit par annuler tous les effets de ce "beau film malade", qui contient pourtant encore quelques beaux restes. Pourtant, dans le sujet, on reste au ras de la moquette : c'est le classique triangle amoureux, le mec mal maqué qui se fait doubler par le beau jeune gars, enfin rien que du classique, voire du conventionnel. Dans le rôle du cocu, Charles Vanel, alias Laurent, qui s'éprend d'une musicienne de cabaret dépressive (Héléna Bossis, complètement nulle, et un physique d'oiseau tordu un peu inquiétant). Ni une ni deux, il l'embarque sur son îlot coupé de tout, situé à la frontière espagnole, sans se rendre compte que la belle ne pense qu'à s'enfuir de ce trou perdu, congédiant la bonne qui la prend en grippe, construisant un cocon de protection autour de sa belle qui prend tous les aspects d'une prison. C'est alors que débarque la mouche du coche : un réfugié politique espagnol en cavale, que notre bon Laurent va cacher, profitant d'une tempête qui tient éloignés les flics. Devinez donc ce qui va se passer entre le beau Diego et la moite Louvaine... Sur fond de crue incessante, au son du vent qui souffle comme un rageux, l'atmosphère vire au fantastique, les désirs sexuels se déchainent, les passions jusqu'alors cachées explosent en plein jour, et le diable lui-même pourrait bien s'y mettre...

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Un canevas de mélodrame, et effectivement le film verse très souvent dans le tordage de mains et les yeux mouillants. Peu aidé par Héléna Bossis et Jean Chevrier, Gréville ne peut compter que sur Charles Vanel pour rendre son histoire un peu tenue. Le bougre excelle dans l'aspect bourru mais tendre, et campe un cocu magnifique digne de la tradition (de Raimu à Michel Simon, le rôle est presque un emploi à lui tout seul). Le film est très joliment habillé dans un noir et blanc contrasté, aux ombres constamment menaçantes, par une musique hantée et obsessionnelle, par une atmosphère que le gars parvient à rendre inquiétante et fantastique : le déluge qui s'abat sur nos trois personnages, et qui ne cesse pratiquement jamais du début à la fin, donne un air de cataclysme à cette petite histoire qui, sans ça, aurait pu n'être qu'un vaudeville sans âme. C'est un peu longuet, le gars n'arrive pas à retenir notre attention pendant les 110 minutes, et on se rend assez vite compte que tout ça s'apparente à beaucoup de bruit pour pas grand chose. D'autant que la grosse erreur est de n'avoir pas su choisir un vrai cap entre mélodrame, chronique sociale (voire politique) et fantastique. A force de jongler avec les atmosphères, Gréville se perd ; pour une scène surprenante (l'apparition du diable après une opération de l'appendicite dramatique), on doit se taper deux autres scènes très convenues (les personnages secondaires sont vraiment too much, le "suspense" politique ne tient pas). Bref, ça ne fonctionne pas vraiment, mais il reste des vestiges d'un beau film tourmenté. Avec d'autres acteurs, et en gardant mieux le gouvernail, ça aurait pu être grand.

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