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14 janvier 2022

La Première Folie des Monty Python (And Now for Something Completely Different) de Ian MacNaughton - 1971

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Pour leurs débuts au cinéma, les Monty Python se sont contentés du minimum ; mais avec eux, le minimum est déjà génial. Ce premier film foutraque et inégal, signé d'ailleurs par un anonyme complet, est une succession de sketches que les bougres ont déjà interprété dans la formidable série Monty Python's Flying Circus (que je suis justement en train de me retaper, j'y reviens donc bientôt). Autant dire que, connaissant la fine équipe, ça vole assez haut dans le non-sens, l'absurde, le poussage de bouchon et le grand n'importe quoi. Il faut reconnaître qu'ils ont ici sélectionné la fine fleur de leurs délires : quelques chefs-d’œuvre absolus jalonnent le film, agréablement entrecoupés des fameux dessins animés-collages dadaïstes de Terry Gilliam, et tout aussi agréablement placés en contre-point avec de petites interventions barrées de l'un ou l'autre des Pythons. Parmi les grands moments, on retrouve THE sketch qui me fera toujours hurler de rire, même après 1500 visions : "Le perroquet mort", archétype de l'humour montypythonesque, anglais jusqu'au bout des ongles, un modèle d'écriture, de montée en puissance du rire, et de jeu d'acteurs. Il y a dans ce duel entre le sérieux John Cleese et le candide Michael Palin tout ce qui fait l'humour des gusses : une façon de jouer très sérieux les scènes les plus délirantes, de pousser toujours le plus loin possible l'idée de base tout en restant dans la "logique" pure. En tout cas, voir Cleese cogner le cadavre du volatile sur le comptoir pour prouver son trépas et entendre Palin expliquer qu'en fait "il est juste mélancolique" me plonge dans un fou-rire inépuisable. Un grand grand moment.

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Ce n'est pas le seul, et on se bidonnera à loisir devant le comptable rêvant de devenir dompteur de lions (il a déjà le chapeau) ; devant l'invention de la blague la plus drôle du monde, capable de tuer les Nazis, et dont la lecture d'un seul mot peut vous plonger dans le coma ; devant ce type un peu lourd qui fait plein de sous-entendus graveleux face à un bourgeois sérieux comme un pape ("Nudge nudge") ; ou devant ce championnat olympique des débiles mentaux s'affrontant sur des épreuves comme le coup de pied au mendiant ou le suicide. Tout n'est pas de ce niveau, et on sent que dès qu'ils sont dans la "grosse" mise en scène, les bougres sont moins bons (le sketch sur le gang des petites vieilles, par exemple, est raté). Mais tout ça reste prodigieusement inventif. Si bien qu'on se dit qu'avec un metteur en scène à la hauteur de leurs délires, le film aurait été génial. Ici, MacNaughton amoindrit même quelques scènes géniales dans la série télévisée, par un emploi très maladroit des champs/contre-champs et par une espèce de faux rythme qui casse le flow incroyable des acteurs. Ceci dit, les Monty Python n'ont pas besoin d'un écrin en or et sont suffisamment talentueux pour se passer d'une mise en scène clinquante ; elle atténuerait presque la portée de leurs sketches. Tels quels, portés par des acteurs géniaux, écrits avec une minutie et un sens de l'absurde incroyables, ils se suffisent à eux-mêmes. Premier film, et les Monty Python rentrent dans l'histoire.

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