Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
12 janvier 2022

LIVRE : L'Eau rouge (Crevna voda) de Jurica Pavičić - 2017 (2020 pour la traduction)

1317161416-0Voilà un petit polar croate de la plus belle eau qui nous tient terriblement en haleine jusqu'au deux-tiers de l'ouvrage (une jeune fille a disparu...), le dernier tiers se faisant un plaisir de nous donner (enfin) quelques pistes pour résoudre l'histoire (s'est-elle barrée ou a-t-elle assassiné, hein ?). On sort des bas-quartiers de Marseille ou des endroits glauques de Paris, pour se transporter dans ce petit village croate de bord de mer où tout le monde se connaît. Seulement, voilà-t-y pas qu'un soir, la jeune Silva ne rentre pas d'une nuit de bamboche... Les regards se tournent vers son petit copain, vers ce fils du boulanger qu'elle a approché ce soir-là, ou encore vers un réseau de drogue (a-t-elle pris la fuite, fut-elle kidnappée ?) : le commissaire du coin enquête, son père, son frère s'y collent, pendant un an, puis deux... Et toujours rien... Il y a bien ici ou là des indices mais ils mènent plus souvent qu'à leur tour dans des impasses... L'auteur croate donne tour à tour la parole à tous les proches de Silva, certains s'attelant toute leur vie à cette enquête, d'autres lâchant vite l'affaire, d'autres encore trouvant bêtement le moyen de mourir en cours de route. Divers acteurs donc et surtout un récit qui s'étale sur plusieurs années (plus de 20 ans), la région connaissant au passage la guerre (ben oui) et de multiples transformations notamment dues au développement du tourisme. Cet événement initial va bien sûr marquer la trajectoire, que dis-je, le destin des parents de Silva et de son frère en premier lieu, du commissaire mais aussi de ses anciens petits camarades de jeu... Dans ces cas-là, bien sûr, lorsque la résolution traîne, le récit risque toujours de s'embourber et de nous laisser las après une centaine de pages. Pavičić, s'il multiplie les fausses pistes parfois un peu frustrantes, trouve tout de même le moyen de nous alpaguer en nous contant l'évolution de ces divers personnages, leurs faux espoirs, leur pugnacité pour s'accrocher à la vie, les coups de sort, leur taff, les belles rencontres, et les terribles déceptions. On s'attache à chacun d'eux. De même, quand on commence à ne plus croire à une quelconque résolution,  il y a toujours une information qui nous tombe dessus comme un coup de marteau et relance la chose. Un polar en d'autres terres avec des êtres de chaire et des rebondissements à chaque fois crédibles, qui font sens. Après le désert sec en émotions d'Antonioni, un eau amère qui se sirote à petite goulée et que l'on savoure doucettement.

Commentaires
F
Très beau livre que j’ai aussi chroniqué ce jour sur broblogblack. En lice pour le Trophée 813 du roman étranger.<br /> <br /> https://broblogblack.wordpress.com/2022/08/18/81313-lombre-dune-omre-pavicic/<br /> <br /> Merci pour vos conseils de lecture.<br /> <br /> François Braud
Répondre
Derniers commentaires