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9 décembre 2021

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos - 2021

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Dégringolade tous azimuts avec ce troisième opus honteux qui n'a appris strictement aucune leçon de ses deux éminents prédécesseurs. La franchise OSS 117 était jusque là une des plus drôles du cinéma français récent ; Alerte rouge en Afrique noire la ringardise complètement, la faisant entrer dans le panier de la comédie commerciale la plus rance. Je n'avais pas eu encore l'heur de contempler le travail de Nicolas Bedos au cinéma. C'est chose faite, et je ne le souhaite pas à mon pire ennemi. Les derniers vestiges de drôlerie du bazar, il les massacre allègrement dans une esthétique laidissime, dans des gags lourdauds, dans un scénario indigent et sans sève, et surtout dans une espèce de posture œcuménique tout de même étonnante chez le glorieux fils de son père Guy : OSS 117 est un crétin raciste, xénophobe, macho et franchouillard, ça on est d'accord. Mais là où les opus précédents acceptaient ce personnage, ne cherchaient absolument pas à l'excuser, faisaient de sa bêtise le ressort de la dynamique du film, Bedos semble paniqué, à l'heure du wokisme, par le racisme de son personnage, et cherche constamment à tempérer ses opinions. Il oppose aux préjugés du personnage une espèce de conformisme bien-pensant insupportable, ce qui réduit à néant les provocations réjouissantes associées à la série. Grossière erreur, ignorance totale des ambiguïtés du personnage, qui n'est plus le défouloir de nos pensées les plus immondes et une sorte de bouffon garde-fou de nos tares bien françaises ; il n'est plus qu'un con qu'on regarde avec distance.

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Du coup, eh bien, ce n'est jamais drôle. On aimait qu'il vienne appuyer exactement là où on avait mal, nos atavismes colonisateurs, nos déviances racistes, notre bien-pensance droitière, notre refus du changement, on aimait en bref qu'il soit irrémédiablement français. En en faisant un simple crétin, le film perd complètement de son irrévérence, et Dujardin se retrouve à ne plus savoir trop quoi jouer. Cette nouvelle histoire est située dans les années 80, au moment où la gauche est à deux doigts de remporter les élections. Le temps passe, et OSS se voit préférer un nouvel agent plus jeune, plus beau, plus intrépide, plus moderne : c'est Pierre Niney, acteur qu'on aime d'habitude dans le registre comique mais qui ici, faute de répliques fines et de situations absurdes, peine à convaincre. Le bougre ayant disparu en mission en Afrique, c'est notre héros qui est envoyé en terre noire, avec tous ses préjugés bien ancrés dans sa tête. Il fera gaffe sur gaffe mais s'en sortira toujours avec l'assurance du beauf content de lui, alors que le sbire fera tout le boulot d'espion à sa place. Bon, on connaît le topo, pourquoi pas. Mais ce scénario, dépourvu de répliques cinglantes ou de phrases culte comme jadis, respire le ratage : mou du genou, mal construit, sans progression, concentré sur son aspect aventures plus que sur la comédie, et terriblement avide de rentrer dans la légende en devenant encore plus culte que les autres, il s'effondre dès les premières minutes (les scènes gênantes d'OSS aux prises avec un ordinateur). Bedos utilise des ficelles grosses comme des amarres pour tenter de faire croire qu'il en est, qu'on n'a rien à apprendre à un vieux briscard de l'humour provocateur comme lui ; mais son film est sage comme une image. On ne rigole pas un instant, puisqu'en plus, le gars sait filmer comme je sais coudre au point de croix, qu'il a deux mains gauches au niveau du montage (ces scènes mille fois trop longues, ces numéros de comédien poussifs) et qu'il considère la direction d'acteur comme un gadget inutile (la première fois que Dujardin est ouvertement mauvais). Une belle merde.

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Commentaires
D
... ça, c'est envoyé ! Et les arguments (raclant tout dans le détail) paraissent béton... Amitié !
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S
Apparemment tu as réussi à aller jusqu'au bout....! Ta conscience de bloggeur t'honore... J'ai abandonné à la moitié , m'ennuyant autant que ce pauvre Dujardin qui avait l'air de se demander ce qu'il faisait dans cette "belle merde"
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