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13 novembre 2021

Thelma de Joachim Trier - 2017

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On ne peut pas être toujours génial, et je viens de mettre la main sur le mauvais film de Joachim Trier. Que des bonnes intentions pourtant, avec un film qui lorgne du côté du cinéma fantastique le meilleur, celui de Cronenberg ou de De Palma. On ne s'attend pas à ce genre d'inspiration dans le cinéma glacé et sentimental de Trier, et on se frotte les mains ; surtout que la première demi-heure tient bien ses promesses, en développant des ambiances torves et déviantes d'un très bon effet : on y découvre Thelma, étudiante fraîchement arrivée à Oslo, et qui a bien du mal à se faire des amis. Il faut dire qu'elle est bien mutique et mystérieuse, et ses crises d'épilepsie ne font rien pour arranger sa popularité. Seule la jeune Anja semble se rapprocher d'elle, si bien que, ni une ni deux, Thelma en tombe raide dingue. C'est alors que commence la partie fantastique du film : l'héroïne est douée de talents kinesthésiques qui l'autorisent à faire disparaître qui elle veut... et notre Anja de se retrouver dans les limbes. Cette partie-là est dans la meilleure veine du genre, allégorie sur l'émancipation des corps et désirs refoulés de rigueur, mise en scène froide et distancée très auteuriste mais belle, inquiétude latente et passés troubles. On aime comme toujours le ton de Trier, ces dispositifs hyper rigoureux qu'il met en place et qui n'excluent pas une belle attention aux infimes battements du cœur.

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Malheureusement, après cette belle exposition, qui a tout l'air de faire entrer le film dans le digne héritage de Carrie, le film s'égare de plus en plus jusqu'à frôler le franchement ridicule. Quand on découvre le passé de Thelma, sa famille rigoriste, et les inconvénients de ce fameux don, on plonge dans un ennui total et dans un gloubi-boulga psychologico-ésotérique insupportable. Même si on oublie la résolution finale, complètement con, on ne peut que constater que Trier ne sait absolument pas tenir sa trame, et hésite entre trop de pistes : il voudrait bien avoir l'air de Cronenberg en maniant des armes de froide inquiétude et de mise en scène scientifique, mais ses tics d'auteur le rattrapent et il est pris en flagrant délit de crânerie à plein d'endroits. Il est doué, c'est évident, mais ses tendances visionnaires et ses plans très léchés handicapent cette histoire qui aurait mérité plus de simplicité, plus de frontalité, plus de brutalité en quelque sorte, et non ces panoramiques virtuoses et ces cadres trop travaillés. Au final, quand tout se termine, il y a longtemps qu'on n'a plus peur et qu'on s'est désintéressé du sort de cette pauvre Thelma, enterrée sous les explications vaseuses et la sur-signification ambiante. Chic et toc.

Commentaires
O
Je me demande dans quelle mesure le final mièvre n'apporterait pas une touche d'ambigu, là encore mal exploité. Thelma rêvasse sur le campus, imaginant son amoureuse s'approcher d'elle silencieusement par derrière, et tendrement l'embrasser dans le cou. Quelques secondes plus tard, la scène se répète, quasi à l'identique, cette fois dans la réalité, et Thelma se retourne ravie; souriant d'une oreille à l'autre. Offrant donc sa vision de l'amour heureux: arriver à "manipuler" l'être aimé pour le faire agir selon son désir comme à la baguette, sans nécessité d'avoir encore à user de la télékinésie - pouvoir décidément peu commode, assez incontrôlable, qui plus est à usage unique et aux effets secondaires peu ragoûtants.
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S
Oui, c'est vraiment dommage, ça partait vraiment bien. La conclusion est d'un nase. Il manque la moitié du milieu et une fin... ou un seau de sang. Il aurait peut-être dû attendre pour faire ce film. Il donne l'impression d'avoir été soudain à court d'intentions.
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