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Shangols
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11 janvier 2022

Lamb (2021) de Valdimar Jóhannsson

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Étant plus un adepte du fantastique que du gore, je décidai de donner une chance à ce petit film islandais remarqué cette année dans la section Un Certain Regard. Force est de reconnaître que les nouveaux-nés ont eu la vie dure à Cannes en 2021 : après l'enfant de bois caraxien, l'enfant d'acier titanesque, voilà l'enfant, comment dire, doux comme un agneau, d'un genre là aussi quelque peu flou... Mais reprenons : nous sommes dans l'Islande profonde, autrement dit en Islande ; un couple d'éleveurs, sans enfant, mène sa petite vie paisible au milieu de nulle part et des moutons ; au moins, là-bas, tu n'es pas emmerdé par tes voisins, ce qui est un luxe de nos jours... Une naissance pour le moins particulière va venir quelque peu bouleverser leur vie : ils adoptent en effet ce qui semble être, de prime abord (ne livrons pas tous les ressorts de la chose), un gentil petit agnelet. Un peu de tendresse dans ce foyer qui semblait n'attendre que la venue de cet être, oups de cet animal, pour vivre pleinement leur petite vie familiale coconesque. Bien. Puis arrive un premier quidam : le frère du pater ; il arrive un peu comme un chien dans un jeu de quille (sa bande de potes semble l'avoir jeté soudainement de leur vie - pour quelle raison ?), pour ne pas dire comme le loup dans la bergerie ; ne risque-t-il pas de rompre le charme de ce nouvel arrivé choyé, ne risque-t-il pas de briser l'équilibre de ce couple isolé ?... C'est la première "menace" qui pèse sur ce couple si proche des animaux et de la nature, en attendant éventuellement une seconde, un peu plus inattendue...

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Joie des premiers instants à surveiller le sommeil paisible et calme (l'agneau ne gigote point) du nouvel entrant, joie des soirées télé avec le nouveau-né pelotonné sous la couette ou encore beauté de ces paysages immaculés de cette contrée encore joliment sauvage. Jóhannsson prend tout son temps, un peu trop d'ailleurs, pour nous donner à voir une atmosphère paisible, tranquille, douce, en un mot comme en cent pour nous mettre sur les nerfs... avant la découverte d'une "surprise" (on va dire cela comme ça) ou la venue d'un "incident" ; si le beauf porte au départ un œil pour le moins laconique sur la vie du couple, il va à son tour se laisser séduire par ce nouvel arrivant à l'aspect inattendu... Le suspense vient pendant une bonne partie du film avant tout de lui : par le regard qu'il porte sur ce trio jusque-là lové dans une bonheur pleinement assumé ou par les envies qui le titillent de briser le ronronnement de cette vie de famille, vis-à-vis de l'enfant puis vis-à-vis de la mère (pour des raisons différentes)... Alors même que l'on pense que ce "loup" en a pris son parti, est hors d'état de nuire, on assiste au deuxième effet kiss-cool... comme si finalement tout devait se payer un jour, comme s'il fallait toujours rendre ce que l'on nous avait confié (et pas que son âme), comme s'il fallait toujours payer pour ses propres fautes. Si l'on aime chez Jóhannsson cette vision quelque peu idyllique d'un couple capable de se "créer", avec les moyens du bord, son propre bonheur, on se dit que sa façon de régler le compte à son récit demeure quelque peu expéditive, il "bouc la boucle" (j'ose) de façon un peu "facile", sans qu'il ait, franchement, vraiment cherché à approfondir sa belle idée de départ. Un petit film fantastique avec twist, une carte postale un peu timbrée, certes, mais sans véritable profondeur psychologique.   (Shang - 07/11/21)

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Complètement d'accord avec mon camarade, l'année commence sous les meilleures auspices. Ce petit film déploie un ton agréable, sait tenir parfaitement son rythme (très lent) et son mystère, sait même parfois provoquer la gêne avec son histoire de mutation pas saine-saine... mais finit par devenir un peu exsangue à force de retenir les choses, de ne pas prendre son sujet véritablement à bras-le-corps. Il y a quelque chose dans la culture nordique qui fait que tout ça est très retenu, très pudique finalement. Les bougres aiment le non-dit, le suggéré, et ça handicape ici un peu la chose, qu'on aurait aimé voir vraiment s'exprimer à fond dans les dernières bobines. On imagine d'ailleurs que le scénario va puiser son imagination dans le folklore du pays : le nœud central est un mouton mutant, une chimère, un satyre, enfin un de ces machins empruntés autant à la religion qu'à la mythologie, la bonne idée étant de faire advenir cette créature dans le monde contemporain, où mutations génétiques et eugénisme sont devenus monnaie courante ; et de la faire advenir qui plus est dans le cocon confortable de ce petit couple gentil et aimant, éloigné de toute forme de trace terrestre. Ces trois-là, finalement, parviennent à recréer une harmonie primaire, une sorte d'eden qui ne doit rien à personne. L'arrivée du frère, qui lui fait partie du monde concret, même s'il s'en trouve exclu (la scène intrigante où sa "bande" le laisse sur le bord de la route), va menacer un temps ce bel équilibre, mais vaille que vaille le scénario va retomber dans son ornière. Si bien qu'on se rend compte finalement, que cette histoire est presque banale, que tout se passe à peu près normalement, ne serait cette brebis qui geint toute la nuit pour récupérer son petit. A l'intérieur de cette histoire "confortable", Jóhannsson sait parfaitement instiller quelques moments vraiment dérangeants, comme ce face-à-face du "mouton humain" avec le chien, sorte d'aberration que le gars sait parfaitement pousser jusqu'à la gêne sans en faire trop. Il est doté aussi d'une belle "vision fantastique", on le voit dans cette première scène magnifique, où les animaux semblent sortir de la brume, effrayés et mystérieux : c'est un peu de mythologie qui ouvre le film.

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Comme je disais, et comme disait Shang, au bout d'un moment, le film prend un rythme un peu de croisière, et on aimerait qu'il se secoue un peu de sa torpeur pour choisir une vraie piste. Malgré un final surprenant, ce ne sera pas le cas. Une fois l'effet de sidération passé, une fois acceptée cette famille 2.0, on s'ennuie un peu, et on attend le dénouement. Ce ne seront pas les acteurs qui nous aideront à nous désennuyer : Noomi Rapace est toujours aussi nulle, et sa chirurgie esthétique à grands coups de cutter rouillé n'aide pas à lui donner du talent. Et les hommes ne sont guère inspirés non plus, se contentant de serrer la mâchoire dans le doute de ce qu'ils ont à jouer. Trop de fadeur dans tout ça pour tenir les belles promesses du début, et on se contente de regarder ça avec bonhomie mais sans vibrer vraiment, ni de peur, ni de dégoût malgré la monstruosité de ce couple.   (Gols - 11/01/22)

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