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6 novembre 2021

Le Bonze démoniaque (Yōsō) (1963) de Teinosuke Kinugasa

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Avant dernier film du prolixe Teinosuke Kinugasa (cent vingt-six films au compteur) qui, tout de même, reçut dix ans auparavant, souvenez-vous, une palme d'or. On est ici dans la grande sobriété, dans le fond comme dans la forme, dans de l'épure de la plus belle eau. Soit donc un bonze qui passa dix ans en position yoguique dans sa caverne. Quand il se relève enfin et salut la figure de son maître, on sent qu'il a acquis quelques petits tours de magie sur le contrôle de la vie et de la mort (un simple petit tiraillement de "rosaire" de sa part et un rat devient squelette et un serpent se tord). Bref il a acquis une sorte de pouvoir démoniaque. Il est vite repéré par des gens hauts placés qui lui demande prompto de venir au chevet de la reine malade depuis des lustres... Il s'emploie avec ses amulettes, convoque les puissances supérieures et climatiques et te remet la reine sur pied en ayant pété tout de même au passage un rosaire (mais il en a d'autre dans ses poches). Ce brusque retour aux affaires de la reine va bien sûr contrarier les plans d'un premier ministre félon et de divers autres hommes de pouvoir qui ne pourront que constater son influence grandissante sur la reine... La reine n'est en effet pas insensible au charme de ce gourou, ce Raspoutine aux concepts politiques de gauche (l'autre côté démoniaque, sans doute) : elle est d'accord avec sa vision du peuple (elle décide de suspendre les taxes pendant deux ans) mais doit se frotter à la résistance de son propre gouvernement...

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C'est une histoire sans doute un rien classique (un étranger venu de nulle part qui soigne et décille la personne au pouvoir sur la corruption de son entourage... l'amour faisant forcément le reste) mais que Kinugasa traite ici avec une extrême rigueur : joli soin des cadres, un noir et blanc mirifique avec un jeu constant sur les lumières et sur les voiles pour jouer sur les nuances de gris, une petite musique tout en finesse qui vient souligner la mélancolie de la reine et les efforts constant d'un bonze qui doit faire face à l'adversité (qu'il s'agisse de la difficulté à soigner complétement la reine ou des multiples fourberies des gens de pouvoir qui ne cessent de vouloir assassiner notre médecin malgré lui) ; et si le rythme est assez lent, c'est sans doute pour mieux souligner la félicité qui enveloppe ces deux êtres que tout opposait sur le papier mais qui se retrouvent inéluctablement comme aimantés l'un par l'autre. Notre bonze et notre reine sont du genre relativement taiseux et semblent principalement communiquer en se tenant les mains ou en clignant d'un cil. C'est un film reposant, quoi, qui passe comme une gentille petite bise. Certes, il y a bien un poil d'action avec cette rébellion menée par le premier ministre (quelques combats mais qui sont comme relégués au second plan) et ces groupuscules qui veulent assassiner notre bon bonze ; mais c'est bien la langueur de cet amour mort-né, condamné d'avance, qui se retrouve sur le devant de la scène. Une œuvre minimaliste mais qui ouvre shakra et qui sérénité apporte. C'est Kinuga-déjà-sa.

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