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4 novembre 2021

Les Tribulations de Balthazar Kober (Niezwykła podróż Baltazara Kobera) de Wojciech Has - 1989

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Un sévère plantage ce coup-ci pour le précieux Wojciech Has qui, pour son dernier film, se montre complètement démuni face à ses ambitions. On l’attrape ici en pleine tentative de réaliser une sorte de film picaresque, l'équivalent cinématographique de Gil Blas voire des romans de Dickens, mais tout en y adjoignant des inspirations plus oniriques, fantastiques, afin d'édifier une œuvre morale et édifiante. Au début on regarde plutôt bienveillamment la chose. Même si l'image accuse l'usure du temps (on se croirait dans un feuilleton des années 80 sur FR3), même si le rythme a tendance à être mollement géré, on découvre avec amusement ce brave gars bègue et timide, Balthar Kober, envoyé de par le monde par son papa mourant : en route pour une institution de garçons qui ne promet pas que du fun (c'est Daniel Emilfork qui la dirige, c'est dire), il rencontre en chemin une troupe de bohémiens artistes, libérés sexuellement et franchement anars qui lui propose d'intégrer ses rangs. Notre gamin est fasciné par ce petit monde (et par la jolie Rosa qui lui balance ses œillades) et entame alors une errance qui prendra des allures de périple initiatique, rencontrant sur sa route anges-gardiens bienveillants et diables ricanants, fantômes à paillettes, guides de spiritualité bedonnants (Michael Lonsdale) et camarades de classe jaloux. L'occasion surtout de plonger dans un univers étrange aux frontières du rêve, situé dans un Moyen-Âge  déviant, rempli de signes cabalistiques et de mots de passe mystérieux ; l'occasion aussi pour notre brave petit gars de s'émanciper un peu, de grandir, et de découvrir la spiritualité et le sexe autrement que dans les livres. Bon. Ça ne fonctionne presque jamais. Pas que toute l'équipe ne sue sang et eau pour nous donner de la féérie et du spectacle ; mais tout fait toc, par manque de moyens peut-être, par manque d'imagination plus sûrement. Has semble développer un imaginaire déjà très usé, surtout après les délires médiévaux de Pasolini, et arriver après la bataille : son film a l'air de dater des années 60 alors qu'il est de 1989. Perdu dans un scénario labyrinthique qui fait tout pour nous laisser au bord du chemin, on suit la chose sans passion, uniquement mené par un scénario qui peut tout se permettre puisqu'il appartient au domaine du rêve, et on décroche très vite de cette trame qui s'effiloche très rapidement en une longue suite de saynètes trop laborieuses. Reconstitution indigeste, histoire floue, mise en scène absente au mieux, kitsch au pire : on tient là le moins bon film de Has sauf le respect qu'on lui doit.

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