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28 octobre 2021

SERIE : Orelsan - Montre jamais ça à personne de Clément Cotentin - 2021

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Quiconque a écouté "St Valentin", "Suicide Social" ou "Basique", quelques-uns des morceaux phares d'Orelsan, ne peut qu'être tombé amoureux du gars, de sa façon de teinter sa colère d'un humour ravageur, de mêler les mots les plus orduriers avec le sens de la poésie, les provocations du rap avec la sensibilité de la chanson française traditionnelle. Je fais partie de ceux qui ont toujours aimé Orelsan, même depuis le célèbre "Sale pute" qui avait déclenché mon hilarité. La sortie de cette série qui lui est consacrée est donc un moment que je ne pouvais guère rater, d'autant qu'elle est signée du petit frère d'Orelsan, dont on apprend dès le départ qu'il a suivi son frangin depuis le début, caméra au poing, dans toutes les étapes de son ascension. En 6 épisodes bien tassés, voici donc les aventures d'un fils de bourgeois moyen d'Alençon, glandeur et acnéique, gravissant peu à peu les échelons de la célébrité pour remplir aujourd'hui les plus grandes salles de France. On attend bien sûr Cotentin au tournant, avec l'envie de voir comment il va traiter les grands moments de la vie du compère : sa glande des débuts, les premiers clips pourris, sa bande de potes, le scandale "Sale pute", les premiers succès, la série "Bloqués", le long-métrage, le triomphe, etc. Cotentin est de tous ces moments-là, et on est d’abord épaté de voir la vie d'Orelsan aussi bien documentée : la caméra est dans les coulisses des salles minables des débuts autant que dans les Zénith, dans la chambre crasseuse de la bande autant que dans la solitude des chalets où il s'isole pour écrire, aux premiers balbutiements autant que dans les heures de gloire. Elle enregistre les rigolades et les moments de déprime (nombreux), les succès inattendus et les échecs. On y voit par exemple Orelsan finir bon dernier d'un tournoi de rap à ses débuts, ou oubliant de brancher son micro pour son tout premier concert important, ou se vautrant dans des clips ringards et incompréhensibles, ou massacrer un passage aux Victoires de la Musique, ce qui vaut son pesant. Mais on y voit surtout tout "l'à-côté", la solitude du gars qui s’aggrave avec la célébrité, les potes du début qui se changent en manager, la famille qui ne comprend pas ses provocations, les difficultés à trouver des idées.

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C'est fascinant de suivre ainsi au jour le jour la naissance d'un artiste, de voir le gosse boutonneux et mal fringué du début devenir l'homme très à l'aise et glamour d'aujourd'hui. Par-dessus tout, c'est l’indéfectible constance dans l'amitié qui guide Orelsan : les rapports avec Gringe montrent une humanité énorme chez le gars, prêt à mettre sa carrière en stand-by pour que son pote puisse profiter de sa célébrité. Clément Cotentin, très très fan de son frère, enthousiaste et confiant, suit les égarements et les joies du garçon, et son film est autant un rappel de la carrière qu'une déclaration d'amour à la jeunesse, à l'amitié, à la famille, à la musique. Il parvient à capter, chose rare, le mystère de la musique, la lente maturation d'un morceau, le petit truc qu'on rajoute et qui propulse la chanson, et il met en évidence la sûreté d'Orelsan, qui, sous ses dehors de grand ado manche, sait très exactement ce qu'il veut, et a une idée très claire de ce que le public peut aimer. Ses virages vers la chanson pure, loin du rap, en témoignent. Très touchante, cette série est loin d'être un de ces films hagiographiques qu'on voit fleurir partout, malgré son cahier des charges très codé (les interviews de star, les doutes et les joies...). Il est avant tout le portrait d'un garçon très attachant et très fidèle, un mec normal qui se retrouve tout à coup en tête de gondole, un type totalement privé de grosse tête, simplement heureux d'être là à faire ce qu'il aime. Excellent moment.

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