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28 octobre 2021

Dick Johnson is dead (2020) de Kirsten Johnson

vlcsnap-2021-10-27-19h10m11s911

Voilà un doc au concept un rien morbide : Kirsten Johnson, pour mieux affronter le moment venu cet instant "inévitable", met en scène, de différentes façons, la mort de son père (octogénaire, veuf, avec un petit syndrome alzeihmerien qui le guète...). Ce qui pourrait paraître relativement léger (imaginer qu'un ordinateur lui tombe sur la tête : il tombe, mime la mort et se relève avec la banane) vire tout de même parfois un peu en glauque, lors d'une scène notamment très éprouvante pour notre homme : alors qu'il est déjà bien touché par la maladie, Kirsten l'imagine dans une séquence où il reçoit un coup et fait une hémorragie : il se retrouve aspergé par des litres de sang et ce faux-sang comme l'intérêt de la chose échappe complétement au bonhomme. Malaise. Mais il y a pire : Kirsten met en scène la mort de son père ; l'humeur, au départ, est à la déconne mais la scène va là encore laisser un sale petit goût amer : d'une part à cause de la réaction d'un proche de Dick qui se laisse totalement prendre au jeu ; mais surtout, d'autre part, sans vouloir non plus spolier la fin, par l'utilisation un tantinet putassière que fera Kirsten de cette scène... Douteux, pour ne pas dire bêtement manipulateur voire racoleur... Au delà de ça, on a droit à des petits morceaux de la vie quotidienne du pater où l'on se rend bien compte que sa mémoire, progressivement, s'effrite ; Kirsten se sert de l'occasion pour tenter d'évoquer au passage avec lui cette dégradation inéluctable, cette fin, cette mort qui approche - si Dick, tant qu'il est pleinement lucide, énonce diverses pensées stoïco-adventistes (oui, on ne choisit pas sa religion à la con...), on est loin d'être franchement baba devant ces poncifs. Eh ben quand ça viendra, ça viendra, hein... et le plus tard possible, eheh, non ? Chez les adventistes, il existe bien un droit au paradis mais la condition à la chose (♪ Jésus, jésus revient ♪) est un poil tortin... Kirsten, dans une volonté d'apporter une petite poignée de séquences religioso-artistico-oniriques, tourne en studio deux scènes : dans la première, notre Dick atteint le paradis et voit ses vœux les plus chers se réaliser - le ton, entre glam et comédie musicale, est bon enfant, avec un esthétisme à la Pierre et Gilles du pauvre - mouais ; la seconde, plus cauchemardesque (un décor de films d'horreur tout en vrac), met une nouvelle fois notre Dick à rude épreuve... Nouveau sentiment de malaise avec cette impression, quoiqu'elle s'en défende (et lui aussi pourtant, quand on prend la peine de l'interroger), que la Kirsten se sert un peu de lui et a une petite tendance à faire de la réalisation de son film une priorité... sans toujours être attentive aux réactions du pauvre bougre. On ressort de la chose, du coup, avec un petit pincement : l'idée de désamorcer cette tragédie inéluctable qu'est la mort n'est pas totalement idiote en soi mais elle coince des fesses à plusieurs endroits : Kirsten, à force de vouloir "mettre en scène" son père tombe un peu dans une certaine facilité et dans "l'exploitation" de sa condition - un goût aigre, donc, au final, en bouche.

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