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Shangols
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8 octobre 2021

Qui est le véritable Assassin ? (Koroshita no wa dare da) (1957) de Kô Nakahira

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Connaissant le gars Nakahira (au bout de trois films, on est déjà des intimes) et au vu du titre (français et anglais, pour le moins), on s'attend à un bon vieux polar des familles : un meurtre en ouverture et de multiples pistes pour rechercher l'assassin... Eh bien que nenni. De meurtre, point, et donc, point d'assassin... Cela ne veut pas dire pour autant que cette œuvre ne baigne pas dans une atmosphère poisseuse - où la mort plane... Mais fi de bavardage et attaquons-nous à l'histoire, ou du moins aux personnages... Disons-le d'entrée, on est face à une bien belle famille, dans cet après-guerre où la misère est toujours prégnante, de losers. Tout d'abord le père (l'excellent Ichirô Sugai qui sait jouer les hommes bourrés comme personne), vendeur de voitures de son état, qui n'en vend plus... parce qu'il se fait toujours doubler par un magouilleur à l'affût, parce qu'il picole un peu trop, parce que la lose lui colle aux baskets... Depuis la mort de sa femme, il s'est acoquiné avec une tenancière de bar qui semble, à première vue, le tenir en piètre estime... mais peut-être est-ce juste parce qu'il coule peu à peu alors même qu'au fond d'elle-même elle garde envers lui de réels sentiments... A voir... Il y a le fils, étudiant olé olé, qui tente de survivre en jouant au billard : il manie la queue comme personne mais semble lui aussi souvent jouer de malchance... Enfin il y a la fille, peu farouche, qui ouvre sa porte au premier type capable de l'entretenir. Bref, une vraie famille de winner... Un oiseau de mauvaise augure rode qui plus est dans les parages : ce magouilleur torpille les affaires du père, flirte dangereusement avec la compagne d'icelui et propose des plans d'argent "facile" pour le moins périlleux : crasher des voitures pour toucher l'assurance... Le père comme le fils vont être tellement aux abois - et en manque de thune - qu'ils risquent bien de se faire prendre au piège. Mais à la fin, qui meurt ? L'assassin lui, je peux vous le donner : c'est cette salope de société.

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Un film où l'on suit la lente dérive des personnages, Nakahira, sur un scénar de Kaneto Shindô, prenant tout son temps pour nous décrire ces personnages dans leur torpeur : un père qui tombe dans l'alcool plus souvent qu'à son tour, un fils fiévreux qui ne parvient pas à combler ses envies, une fille légère qui en oublie les réalités et les siens, et enfin une compagne à l'air un brin revêche qui aimerait sortir tout le monde de cet enfer (il y a en permanence dans son troquet un clodo de base toujours alcoolisé, le diable en personne, on pourrait aisément y voir un caméo de Michel Simon...)... A la moitié du film, si l'atmosphère est aussi malsaine et pénible qu'une chaussure qui colle après avoir marché dans une flaque d'alcool séché (oui, cela m'insupporte), on ne sait toujours guère dans quelle direction le film nous emmène ; une seule certitude, il devrait finir dans le mur. Et justement, c'est le moment choisi par Nakahira pour nous proposer sans doute la scène la plus tendue du film : le pater, sous les yeux de sa compagne et du magouilleur, décide de crasher une bagnole pour toucher un pourcentage du pognon de l'assurance. Nakahira élève sa caméra qui, en de délicieux mouvements, filmera les dérives de la bagnole autour de cette place, le pater hésitant sans cesse avant de se crasher... La tension monte et la finalité sera pour le moins inattendue - et tragique ? Oh, oh, fort possible aussi... Le père (pas mort donc... lui...) joue avec le feu mais se verra proposer une éventuelle porte de sortie par sa compagne toute reconquise : se marier et se casser à la campagne. Facile à dire... Le père a un petit regain de chance (la roue tourne ?) mais c'est autour du fils de flirter avec la poisse ; une partie de billard qui part en quenouille (belle tension là encore autour de cette table et de ces boules qui se touchent ou se frôlent) et le fils de suivre les pas du père : un petit crash, mon enfant ? La tentation, là encore diabolique, est grande et le final s'annonce apocalyptique. Un nouveau film noir très joliment réalisé par un Nakahira qui prend grand soin de donner vie et relief à chacun de ses personnages, des êtres de chair encore et toujours paumés dans ce Japon des fifities... 

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