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27 septembre 2021

My beautiful Laundrette (1985) de Stephen Frears

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Rappelez-vous, Stephen Frears ? Non ? Personne ? Devrais-je l'avouer mais ce film que j'avais dû voir en son temps ne m'avait laissé aucune espèce de souvenir... Alors, oui, annonçons la couleur, l'image (anglaise...) de Frears se rapproche plus de celle d'un téléfilm des années 70 que du cinéma "moderne", les petites notes de musique d'ascenseur au Bontempi feraient pleurer Angela Merkel et les décors de ce quartier de Londres sont tristes à mourir... Mais bon, pour Frears (et pour Hanif Kureishi dont on goûta en son temps les petits ouvrages) l'essentiel est ailleurs ; on pourrait le résumer par cette double marginalité du héros : le fait d'être d'origine pakisanaise dans cette Angleterre thatcherienne tendue comme un string en chêne et d'être homosexuel, concept qui était loin d'avoir encore fait son chemin dans les esprits très conservateurs du pays... On va donc suivre les tribulations d'Omar qui va tenter dans ce monde de loups (des trainards anglais toujours aux aguets, des pontes paki qui traficotent, un père rêveur aux abonnés absents...) de faire son trou avec l'aide d'un vieil ami local, Daniel Day-Lewis (encore tout louveteau) as Johnny ; l'idée, avec l'aide de cet oncle mouillé dans divers business troubles, est de moderniser sa laverie automatique et d'en dégager quelques bénefs - pour ensuite éventuellement en ouvrir d'autres... Si Omar et Johnny vivent cachés pour vivre heureux, ils sortent ensemble au grand jour pour faire front - Omar nage en eau trouble paki (détourner ici ou là de la drogue pour constituer un fonds ne peut point nuire) pendant que le Johnny s'occupe essentiellement des menus travaux... On sent bien qu'Omar, entre ce père idéaliste et alcoolo primaire et cet oncle sans foi ni loi, doit marcher sur des œufs pour s'extraire à son tour du marasme... Il a l'énergie et la confiance mais le handicap est lourd... Certes, on ne peut reprocher à Frears de se pencher sur cette frange de la population (l'étranger à Londres, le jeune sans famille) qui bénéficie d'aucune aide de l'état (Johnny est lui-même un squatter qui va devoir virer d'autres personnes pour se faire un chez soi). Socialement, on est dans du cinoche anglais basique qui louvoie plus sur le petit que sur le nanti... Si cet Omar au sourire si doux et ce Johnny à la coupe de cheveux revêche sont bien mignons, on peut regretter que les individus qui les entourent soient pour le moins caricaturaux (le père en pleine déchéance (une intégration ratée), l'oncle manipulateur et infidèle (une intégration plus brillante en apparence mais en sacrifiant toute morale au passage), l'homme de main Salim incarnant le parfait salaud, les traînards anglais totalement passifs ou supra violents)... Le film peine à sortir de cette ornière un peu trop balisée (déjà à l'époque) : pas facile d'être jeune, black, homo dans cette Angleterre de Thatcher sans compassion (on s'en doutait un peu) ; la fille de l'oncle, plus émancipée, pouvait apporter un peu de sang neuf à la chose - dommage que le personnage soit vite sacrifié et oublié en route... Un film "d'époque" qui a bien pris, formellement pour le moins, toutes ses années dans la tronche.

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