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22 septembre 2021

Le Trésor des îles Chiennes de F.J. Ossang - 1990

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Longtemps que le nom de Ossang m'intrigue et que je me dis qu'il faut que j'aille faire un tour dans sa filmographie. C'est chose faite avec Le Trésor des îles Chiennes. La bave aux lèvres et en état de catalepsie avancée, mais c'est chose faite. Pour tout vous dire, je ne sais pas si on est là face à un chef-d’œuvre impressionniste et punk de la plus belle eau, ou face à un navet intersidéral et prétentieux. Dans le doute, je me contenterai d'une perplexité de bon aloi, et tenterai de vous expliquer ce que j'ai ressenti face à cet objet barré, mais sans obligation de résultat. D'abord, qu'est-ce que ça raconte ? Mmmmm, je vois que vous aimez les questions piège. Alors, de ce que j'ai saisi, il s'agit d'une bande de mercenaires louches envoyés dans un archipel pour y retrouver un scientifique qui a créé une nouvelle énergie et qui a disparu. Sur place, ils tombent littéralement en enfer : air irrespirable, pays envahi par le vice et la pollution, tout est voué au chaos. Ça beugle comme des veaux dans la fumée, ça choppe des virus affreux, ça se perd dans de longues errances envapées, ça se menace sous des coups de folie subits, bref ça n'est pas de tout repos pour nos aventuriers qui, on ne va pas se le cacher, n'arriveront pas tous au but dans leur intégrité physique complète. Le spectateur non plus, remarquez bien, qui décroche à peu près au bout de trois minutes de cette trame science-fictionnelle ésotérico-allumée pour s'adonner à l'injonction larvée du film : la contemplation mi-fascinée mi-énervée de la chose, et la perte de repères s'y afférant.

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On veut bien accorder à Ossang une qualité indéniable : c'est original. L'hyper-formalisme du film fait beaucoup pour qu'on reste scotché devant : Ossang, dans un mélange de films expressionnistes, de clips trash, de machins expérimentaux soviétiques, d'ambiances lynchiennes, réalise un truc complètement paradoxalement déconnecté de tout. Chaque plan, dans sa durée, dans on choix de cadre, dans son travail sur le noir et blanc et le grain de l'image, dans ses propositions musicales, frappe immédiatement par sa puissance visuelle, et c'est bien le moindre des mérites du film. Pas que ce soit beau, non, pas que ça veuille se rendre aimable ; au contraire : on est souvent dans la sous-exposition, dans le crayeux, dans le glauque, dans une lenteur énervante, et on a la bonne veille sensation de se retrouver dans un de ces films super formels tels qu'ont su en fabriquer un Von Trier des débuts ou un Mandico bien atteint (beaucoup de voisinage avec Les Garçons sauvages). Mais tout ça est franchement spectaculaire, et si vous êtes un tenant de l'Art pour l'Art, vous devriez être fasciné par cette forme à nulle autre pareille. Dans le fond c'est plus douteux, et même dans tout ce qui ne concerne pas les grattages de pellicule ou les sons stridents : la direction d'acteurs est au niveau des chaussettes (le néfaste Stéphane Ferrara sévit), les dialogues sont empesés, solennels et ridicules, le ton est ésotérique et fumeux. Ossang a l'air très préoccupé par ce qu'il a à nous dire, par ce portrait d'une civilisation en déréliction, en péril écologique, en catastrophique bilan capitaliste, mais il ne parvient jamais à nous en transmettre le fond. On regarde un peu passivement cette longue suite de cris et de plaintes hystériques, l'œil et l'oreille amusés, mais le cerveau en berne, avant que l'ennui pur et dur ne finisse par avoir le dernier mot. Très réussi formellement (il faut aimer les pubs et les clips, cela dit), mais vaseux pour le reste.

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