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8 septembre 2021

La Ciociara de Vittorio de Sica - 1960

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Hommage à Bébel et petit passage fort dans un film méconnu de de Sica, on fait d'une pierre deux coups avec ce mélodrame très touchant, qui s'intéresse aux réfugiés italiens fuyant Rome sous la pression des frappes aériennes alors que la guerre commence à tourner en faveur des Alliés. On s'attache particulièrement au sort de Cesira (Sophia Loren) et de sa fille Rosetta, qui décident de prendre la route pour regagner leur petit village natal. A leurs trousses, c'est tout un petit peuple exilé qu'on regarde, gens simples mais pleins de bon sens jetés sur les routes, survivant vaille que vaille dans l'adversité, perplexes face aux choix moraux qu'ils doivent faire : vaut-il mieux garder la foi en Mussolini et rester du côté des Allemands ? Ou commencer à envisager la défaite et se ranger dans le camp des Alliés ? Cesira, elle, ne souffre pas de ce dilemme moral : elle traverse la guerre en vraie Mère Courage, solidaire des hommes quelle que soit leur nationalité, ne s'accordant que quelques récréations (une amourette avec Bébel), complètement obnubilée par son but : s'en sortir, et sa fille avec. Et ça n'est pas facile quand on est une femme seule et aux formes accortes, elle l'apprendra à ses dépends dans la fin du film, terrassante, très brutale, qui va venir rompre le ton général avec une belle force.

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C'est un beau film sur l'exil, certes, et sur la guerre. Mais c'est surtout un beau film sur Sophia Loren, qu'on a rarement vue aussi bien regardée. Elle est la pieta parfaite, capable en un regard vague, en un placement d'épaule, de vous tirer les larmes aux yeux. Elle est donc l'interprète idéal pour ce film qui, faisant mine de jouer sur une certaine légèreté bon enfant dans un premier temps, plonge subitement dans le mélodrame total. Il faut voir la belle dans ces magnifiques plans fixes où elle est dirigée au millimètre (de Sica est un excellent directeur d'acteurs), dessinée pour exprimer a détresse totale face à ce monde de brutes qui part à vau-l'eau : une incarnation tout en force, le physique avantageux de l'actrice venant en renfort de son interprétation "de l'intérieur". Rien ne nous laissait attendre cette dernière demi-heure sèche comme un coup de trique : la description de ce petit peuple italien indigné et débrouillard lancé sur les routes de la déroute se fait dans un esprit bon enfant, pittoresque, qui fait souvent sourire, Certes, le contexte est rude, mais la grande gueule de Sophia, son sens de la débrouille, ses aventures presque rigolotes, confèrent au film une aura d'odyssée légère. Même notre Belmondo, pourtant doublé dans la langue de Dante, contredit son caractère trouble (il est étudiant, de gauche, intellectuel et courageux dans un monde inculte, de droite, bête et pleutre) par son interprétation tout en finesse. Ses scènes de flirt gentillettes avec Sophia amènent leur part de poésie mignonnes (ah cette coccinelle qui se pose entre les seins de Sophia...) et on est loin de se douter de la résolution du film : il y aura des morts, du viol, de la folie, de Sica venant nous rappeler in extremis que la guerre, c'est sale. On a carrément la larme à l'oeil devant les déboires de ces deux femmes sacrifiées, et on referme ce beau film tout chose. Bébel, repose en paix, tu auras fait quand même quelques bons petits trucs...

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