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4 septembre 2021

Danse avec les loups (Dances with Wolves) de Kevin Costner - 1990

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J'avais le très vague souvenir d'un gros machin plutôt empesé, légèrement chiant mais sincère et efficace. En revoyant aujourd'hui Danse avec les loups, j'ai eu la sensation d'un gros machin plutôt empesé, légèrement chiant mais sincère et efficace, preuve que déjà à 20 ans, mes goûts étaient sûrs et indiscutables. Kevin Costner s'attaque au film de sa vie avec ce western spectaculaire qui se range résolument du côté des Indiens et tempête contre les exactions que leur ont fait subir les envahisseurs blancs. Il va même jusqu'à apprendre le langage sioux pour nous convaincre de sa sincérité, il va même jusqu'à produire et réaliser lui-même cette noble fresque complètement admirative pour nous communiquer son message : l'histoire du western a sacrifié un peuple digne, joyeux, sage et fier, il est temps d'en montrer les vraies beautés. Notre gars revêt donc l'uniforme nordiste et campe un héros de la guerre qui décide de s'installer dans un fort abandonné à la lisière du territoire sioux. Très vite, les dits Indiens s'approchent de ce blanc qui ne semble pas avoir peur d'eux, et peu à peu vont finir par faire de ce John Dunbar un des leurs. Ils seront bien poussés à la chose par le plus sage d'entre eux, "Oiseau Bondissant" (Graham Greene), et par la petite "Debout Poing Levé" qui tombe raide dingue de ce gars surnommé "Danse avec les Loups" parce qu'il danse avec les loups. Mais dans l'ombre, les envahisseurs américains se préparent à la guerre et nos amis à plumes ne se font guère d'illusion : leur race va être exterminée.

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Tout en indignation et en compréhension humaine, Costner réalise donc LE film qui tente de nous faire découvrir la culture peau-rouge, nous montrant que les Indiens ont de nobles sentiments, des peines et des joies, des amours et des mesquineries, comme nous, mais qu'ils savent en plus fumer des pipes ça-comme et danser au son des tambours. Le film est empreint de cette dignité, un peu comme si Costner endossait à lui seul tout le mea culpa que son pays n'a jamais osé prononcer vis-à-vis de l'anéantissement des Indiens au XIXème siècle. Il le fait en réalisant qui plus est un film chargé en moments de bravoure : citons la première séquence, qui le voit défier les canons sudistes, joli moment de bravoure ; citons l'apprentissage du loup Chaussette, agréable moment bucolique ; citons la guerre contre les Mocassins, brutale et impressionnante ; citons la chasse au bison, forte en meuglements et en mouvements ; citons ces belles scènes enneigées ou ces vastes paysages à perte de vue : Costner sait parfois envoyer dans les moments clés. La grande humanité du film, sa naïveté même parfois, remporte la partie et on n'est pas loin de se peinturlurer la face à notre tour pour aller défendre ces derniers héritiers de la Nature Cosmogonique face à ces immondes blancs.

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Après, c'est vrai que le film a aussi beaucoup vieilli à plein d'endroits. Par son manichéisme notamment : les Indiens sont tous vibrants de grandeur, de beauté et de courage, les blancs sont tous des gros porcs insensibles. Facile donc de choisir son camp, et on aurait aimé que Costner nuance un peu son propos pour nous donner à réfléchir par nous-mêmes à ce triste fait historique. Si les acteurs indiens sont plutôt bien dirigés, grâce à l'admiration que le bougre leur porte et à la bonne idée d'avoir choisi de vrais héritiers de Sioux pour le casting, les pauvres bougres employés pour le rôle des envahisseurs sont grimaçants et caricaturaux. Costner accuse également quelques faiblesses au niveau du montage, ses scènes d'action perdant beaucoup en visibilité. Enfin, last but not least, virez-moi ce coiffeur qui lui a concocté cette coupe mulet parfaitement ridicule. Bon, on regarde ce grand spectacle à figurants, en grande pompe et à grande musique (John Barry se lâche méchamment) sans déplaisir et avec une certaine admiration même ; mais on est bien content aussi qu'on ne fasse plus de films comme ça, qu'on ait appris à prendre le public pour des gens capables de réfléchir, et qu'on sache aujourd'hui peser un peu moins lourdement les ingrédients.

Welcome to New West

Commentaires
M
" on est bien content aussi qu'on ne fasse plus de films comme ça, qu'on ait appris à prendre le public pour des gens capables de réfléchir, et qu'on sache aujourd'hui peser un peu moins lourdement les ingrédients"<br /> <br /> vous parlez de quel cinéma ?<br /> <br /> car à Hollywood, non, il ne s'en fait plus guère des films comme ça, et c'est peut-être bien dommage...
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H
On peut quand même regretter que, plus de trente ans après et sur un sujet proche, Costner ait réalisé, avec un budget colossalement plus grand, un film deux à trois fois (si l'on prend la version daillerectorsqueute) plus long que 'Le Jugement des flèches' de Samuel Fuller, et qu'il y ait fait deux ou trois tours d'intelligence de moins que ce dernier...
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W
Meuh non, la Golette, détrompez-vous… on en fait plus que jamais, des films comme ça aujourd’hui, stabilo-bossant avec force nuance la bêtise et la méchanceté crasse du mâle blanc hétéro-républicain ! N’avez qu’à voir Netflix, Hulu, FX ou le 99% des trucs sortis d’Hollyweird depuis à peu près 10 ans et z’en serez convaincu.
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