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20 août 2021

LIVRE : Envoyé un peu spécial de Julien Blanc-Gras - 2021

9782234089402,0-6675918Votre budget vacances ne vous autorise qu'à aller jusqu'au Cap d'Agde grand max ? Julien Blanc-Gras se charge de votre soif d'ailleurs avec ce petit bouquin délicieux qui se déguste comme un mojito frais. Après un ou deux livres plus dispensables où son humour se teintait d'auto-satisfaction assez agaçante, le bougre revient à ce qu'il sait faire de mieux : croquer les petites mœurs étranges, pathétiques, absurdes, touchantes, et toujours dépaysantes de ses contemporains, en sillonnant de long en large le globe. De Zanzibar à la Corée, de la Suisse à l'île de Gorée, de Ushuaia à Venise, Blanc-Gras n'a pas son pareil pour poser ses bagages strictement là où les autres ne les posent pas, loin des jalons touristiques obligatoires, pour voir un peu ce qui s'y passe ; et ça tombe bien : il s'y passe des trucs bougrement plus intéressants que dans le Guide du Routard. Armé de son humour impeccablement tranchant, qui lui permet de soupirer sur les retombées misérables de la mondialisation tout en en moquant les absurdités, qui lui permet de planter un couteau dans le dos d'Artus-Bertrand tout en faisant mine de l'honorer, qui lui permet d'assister à un défilé de miss Monde, un festival des vierges, une démonstration de vlasko kolo (voir ce mot) ou un stage de survie karmique digne de Koh Lanta en rigolant comme un beau diable, il nous propose une trentaine de petits textes épars, issus de ses voyages à travers le monde. A chaque fois, c'est impeccable : l’œil de Blanc-Gras va directement au détail incroyable, à la petite anecdote improbable, et son inconscience va toujours au plus risqué et au plus barré : qu'il se tape une ascension en aile volante ou une balade à Kinshasa, il en rapporte un récit édifiant, haut en couleurs, drôle et enlevé. Sa plume est alerte et enlevée, malgré un côté dilettante qui n'enlève rien à son charme : on y lit en filigrane les horreurs de ce monde, la mondialisation galopante donc (un studio de cinéma florissant au Nigeria), les droits de l'homme attaqués de toutes parts, la crétinerie qui gagne toujours du terrain, la dictature triomphante, la colonisation pas encore digérée, le fric roi (le voyage à Davos fait froid dans le dos), les maladies, l'intégrisme, la pauvreté, l'inégalité ; mais toujours avec la politesse de l'humour (un peu désespéré certes) et de l'humanisme. Même quand il regarde les plus terribles des hommes (le roi du Swaziland, pathétique papy bedonnant se livrant à une danse hip-hop frénétique face à des adolescentes rougissantes), il le fait avec la bonhomie du gars qui aime tout le monde, parce que tout le monde est intéressant. Loin de rendre ces récits œcuméniques ou béni-oui-oui, cette tendresse pour ses frères humains, qu'il teinte de cet humour vigoureux et d'un ton d'une délicieuse modernité, fait beaucoup pour la beauté délicate de ce bouquin, qu'on conseillera à tous, nomades et clinophile (voir ce mot).

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