LIVRE : L'Amour des Maytree (The Maytrees) de Annie Dillard - 2007

Les amours de la belle Lou avec son jeune amoureux Toby, une belle romance ricaine qui ne tarde pas à se fissurer terriblement lorsque le Toby, soudainement, juste après avoir eu la gloire (?) d'être pater, décide de quitter sa douce pour une autre femme un peu plus exubérante. Pourquoi ? Parce que. Dit comme cela, c'est vrai que tout cela a l'air méchamment banal. C'est sans compter sur la construction narrative savante de Dillard qui ne cesse de faire des allers-retours entre passé et futur et qui, surtout, a l'art de trousser une saynète, de décrire un personnage, de glisser une citation, d'insérer des dialogues vivants, bref de jouer habilement de la construction de ses chapitres pour donner plus l'impression d'être dans un flux de vie que dans un plan de rédaction littéraire (comme tant d'auteurs contemporains). On a tôt fait de s'attacher au caractère paisible et sage de cette Lou qui continue d'élever son gosse en douceur, qui ne cherche jamais à se plaindre, qui tente de prendre son parti tout au long de sa vie - sans rancœur ni autre coup de cœur d'ailleurs. Dillard continue en parallèle à nous conter les aventures de Toby (poète un peu raté, à ses heures, qui se lance dans la construction), son amour pour cette autre femme prenant rapidement des allures "d'alliance professionnelle" un peu morne ; il sera aussi question dans les grandes lignes de la vie de leur enfant grandi très vite. Dillard se joue des ellipses pour mieux s'attacher aux temps forts sans jamais donner l'impression de vouloir construire une progression dramatique pour la galerie. Si les premiers temps des amours des Maytree sont joliment évoqués, c'est sans doute dans les pages sur la mort que le bouquin fait le plus de ravage. La mort, en particulier, de la compagne de Toby (revenu au bercail auprès d'une Lou aucunement rancunière) puis la vieillesse de nos deux héros donnent l'occasion à quelques superbes pages de douce agonie, de confrontation avec le pays des ombres... Dillard a l'art de trouver toujours la bonne formule pour nous faire toucher du doigts les sentiments éprouvés par tel ou tel personnage. Grande auteure ricaine souvent citée par ses pairs qu'il me faudra définitivement explorer à l'avenir...