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REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
6 août 2021

Porte des Lilas de René Clair - 1957

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Voici une curiosité puisque Porte des Lilas est le seul film dans lequel joue Brassens. Centenaire du bougre oblige, me voilà donc aujourd'hui face à cette petite chose gentiment désuète et légère qui a au moins le mérite de vous faire écouter quelques morceaux de Tonton Georges, ce qui devrait suffire à votre bonheur (d'autant qu'on a carrément des versions alternatives de A l'ombre du cœur de ma mie ou du Vin et même une version instrumentale de Embrasse-les tous, collector donc). Jolis moments déconnectés de toute histoire que ceux où notre moustachu compère tripote sa guitare sur sa vieille chaise en bois et oublie totalement de jouer la comédie : on retrouve avec bonheur le Brassens taquin, et on oublie celui nettement moins à l'aise quand il s'agit de faire l'acteur. Trop timide, ne sachant pas vraiment quoi faire de son corps, il traverse le film avec une évidente douleur : il y a des gens qui ne sont pas faits pour être acteur, CQFD. Dommage parce que René Clair lui avait fabriqué un écrin de douceur dans lequel on voyait bien s'épanouir le vieil anar effectivement : anti-flics et libertaire, le scénario est d'un bon enfant total, fustigeant la maréchaussée pour rigoler et prônant un système "les potes, le vin et les chansons d'abord" tout à fait réconfortant.

photo1-porte-lilas

Il y a face à Brassens du costaud : Pierre Brasseur, qui du coup porte tout sur ses épaules. Le pitch : alcoolo et flemmard, Juju (Pierrot) partage ses journées entre les grasses mat', la débrouille, le pinard et son pote le poète (Georges), dans le petit monde propret et nostalgique du Paris réaliste-poétique des années 50. Mais un voleur, Barbier, trouve refuge chez le croque-notes. Les deux copains sont bien d'accord : ils ne sont pas du genre à balancer, et gardent donc ce type très envahissant et guère aimable dans leur cave, devant pour le coup rivaliser d'astuces pour le nourrir, l'habiller, lui fournir des faux papiers et même lui caler des rendez-vous avec Maria, la fille du bistrotier. Comment Juju, cocu éternel (il est lui-même raide dingue de Maria), bonne poire complètement vampirisé par Barbier, tête de turc et gentil crétin, va-t-il se tirer de cette impasse ? M'est avis que ça va pas être simple, les tensions avec son copain, à qui importe avant tout qu'on ne l'emmerde point, se font jour, Barbier est de plus en plus exigent, Maria est de plus en plus belle, aïe aïe aïe.

Porte_des_Lilas

Curieuse atmosphère que ce film qui arrive un peu tard dans la tradition des mélodrames réalistes français. Tout y est, mais rien ne fonctionne vraiment : Paris est complètement désert, les dialogues manquent d'invention, les acteurs jouent comme sous verre, rien n'est tout à fait rigolo, on a un peu l'impression d'un film sans nerfs, presque morbide. Dommage parce qu'l y a un vrai potentiel dans ce personnage de loser absolu (tels qu'en jouait un Bernard Blier jadis) : de temps en temps, Clair réussit une jolie séquence, grâce au jeu assez fin de Brasseur et à la tendresse avec laquelle il le regarde. Mais le manque d'énergie de l'ensemble (un Brassens ailleurs, un Henri Vidal limité) et la fadeur de l'histoire "policière" (on ne croit pas une seconde à ce truand en cavale) tuent l'ensemble. Le truc reste remarquable par son portrait d'une amitié, très attachante, et pour les chansonnettes immortelles du gars Georges.

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