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3 août 2021

12 Hommes en colère (12 Angry Man) de William Friedkin - 1997

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Qu'est-ce qui a bien pu passer dans la tête de Friedkin pour qu'il décide, en 1997, de faire un remake du film de Lumet, mythique s'il en est ? S'il avait trouvé que l'original pêchait par certains côtés, pourquoi en faire un copié-collé si classique ? S'il lui semblait que Lumet n'avait pas rendu complètement justice à la pièce, pourquoi livrer une version aussi impersonnelle du texte, presque du mot à mot (pour une pièce, reconnaissons-le, qui ne se prête pas vraiment aux expérimentations : on est dans le tout-scénario) ? Ça reste un mystère, la seule réponse que j'entreverrai tenant aux acteurs de ce 12 Angry Men version 1997 : Friedkin réunit un casting très éclectique, mélangeant les stars des séries de l'époque (James Gandolfini, Tony Danza, Dorian Harewood, Edward James Olmos) et vieilles légendes hollywoodiennes (Jack Lemmon, Hume Cronyn, George C. Scott, Armin Mueller-Stahl). Reconnaissons que ce casting est original et payant : tous sont plutôt convaincants dans leurs emplois, gentiment caricaturaux, et l'adjonction de ces acteurs noirs permet à Friedkin de proposer une lecture plus politique du texte : si certains jurés veulent déclarer le suspect coupable, c'est qu'il est porto-ricain, et que les relations entre les deux communautés ne vont pas sans mal. Les personnages noirs se montrent souvent encore plus racistes que leurs collègues blancs, notamment ce personnage assez maléfique, religieux black à la limite de l'intégrisme qui projette son ombre noire sur l'ensemble de cette histoire. Mais tous tirent leur épingle du jeu, du gentil crétin Danza, qui veut en finir vite pour aller à son match de base-ball à George C. Scott, l'ordure ordinaire qui compense l'abandon de son fils par une rage incontrôlable envers le jeune accusé. Bien aimé aussi la discrétion du vieux Cronyn et la distinction de dandy de Mueller-Stahl. Mais c'est bien sûr Lemmon qu'on attend au tournant, puisqu'il reprend le rôle jadis dévolu à l'opaque Henry Fonda : notre Jack s'en tire lui aussi pas mal, dans une version assez différente de l'original, plus tourmentée, plus dynamique aussi. Son personnage est marqué par l'indignation et la responsabilité, là où Fonda restait impénétrable dans ses convictions.

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Agréable défilé d'acteurs donc, mais sinon ? Ceux choisis par Lumet étaient tout aussi compétents. On attend donc Friedkin à la mise en scène, confiant dans son goût pour le baroque, espérant le voir dynamiter la forme un peu trop rigide du théâtre au cinéma. Mais on cherchera en vain quelque chose de nouveau à se mettre sous la dent, dans ce dispositif absolument identique au classique de Lumet. Sans aucune personnalité propre, Friedkin se contente de refaire les figures de style imposées dans ce type d'exercice : une caméra devant chaque acteur, un travelling qui roule autour de la table dans les débats, quelques "échappées" dans les toilettes juste à côté... C'est de l'honnête travail, mais disons que tout ça avait déjà été mis en place dans le premier opus, et qu'on se retrouve donc à se demander la raison d'être de ce remake. A peine se réveille-t-on à l'apparition ici d'une plongée plutôt bien balancée, ou d'un lent travelling assez émouvant sur George C. Scott qui craque à la fin. Bon, la pièce est suffisamment palpitante pour souffrir un tel manque d'idées dans la mise en scène, c'est vrai, et on regarde la chose plutôt bienveillamment. Mais on constatera aussi que Friedkin s'est un peu trop effacé devant son cahier des charges il est vrai bien lourd. Bof bof...

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