Toto de Jacques Tourneur - 1933

Ah il n'y a pas que de grands chefs-d’œuvre dans la carrière de Jacques Tourneur, non non, mais c'est bien excusable. Surtout si on considère que Toto est un de ses premiers films et qu'il se cherchait encore quelque peu. Et surtout, d’ailleurs, si on considère Toto comme un film pas si mauvais que ça au final. Un truc bien de son époque en tout cas, léger et un peu concon, rigolo et bon enfant, et aussi pérenne qu'un nuage en été. Voici donc le compère Albert Préjean dans le rôle-titre, un aminche de Paris (à prononcer avec l'accent de rigueur) qui a plus d'un tour dans son sac, le galopin : il kidnappe des chiens pour les rendre à leurs maîtresses moyennant récompense, il taquine l'agent de police rubicond, il dragouille les frangines, enfin, ahahah quel chenapan. Cette fois, à la faveur d'un de ses nouveaux tours pendables, il tombe sur la jolie Ginette (magie des noms anciens) et tombe bien entendu raide dingue. Il organise alors une méga-arnaque machiavélique autour d'un concours de miss, qui va s'avérer, ahahah, pas piqué des hannetons. Et vas-y que je trafique les votes, et vas-y que je passe entre les jambes du flic qui surveille, et vas-y que j'arnaque le gros bourgeois, un festival de billevesées. Toto a aussi un acolyte tout dévoué (le gars ne dit jamais non à une proposition malhonnête) qui aura droit également à son heure de gloire sous la forme d'un tir à la carabine digne des meilleures comédies burlesques (sans l'humour, et sans le rythme). Bon, tout ça ne mange pas de pain, est fait dans une joie communicative, et vous laissera aussi émerveillé qu'un chat devant un bouchon. La prétention est à peu près au niveau 0, et Tourneur obéit à la commande de façon un peu hésitante (le rythme est erratique, les acteurs pas très bons, le scénario proche du néant absolu) mais professionnellement, donnant au public du dimanche de l'époque son lot de distraction bon enfant, et réunissant petits z'et grands (des petites blagounettes pour les enfants, de la fine allusion sexuelle pour papa, de la romance glamour et mignonne pour maman). Voilà, voilà.