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31 juillet 2021

Holiday de Guillaume Nicloux - 2010

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L'odyssée Guillaume Nicloux est longue et tortueuse, nous entraînant de polars à la française en films fantastiques, de comédies poussives en grosses farces, d’expérimentations en reconstitutions historiques. Holiday est à ranger  dans les "comédies expérimentales à la Blier", référence bien pratique quand on se pique de plonger ses personnages dans la douce folie et de créer des situations absurdes et surréalistes. Le gars s'y connaît dans ce domaine : son scénario est un grand bazar de situations improbables, qui s'enchainent à la suite de l'arrivée dans un hôtel de Michel (Darroussin), accompagné de son épouse frigide et frustrée (Godrèche). Leur but : retrouver leur libido perdue, ce qui na va pas aller sans mal puisque belle-maman (Balasko) s'est invitée au voyage. Mais très vite, dans cet établissement qui s'avère être un nid à fantasmes autant qu'un lieu symbolique des névroses et des psychoses du couple, les scènes dérapent, se vrillent légèrement puis de plus en plus sévèrement : la grand-mère Balasko s'envoie en l'air avec un bellâtre, l'épouse morne trouve son pied avec le voisin de chambrée, et notre Darroussin navigue à vue entre nain partouzard, star du X peu farouche et diva transsexuelle, pour un grand-huit sexuello-déviant du plus bel effet. Pendant 30 minutes, on s'amuse de ces saynètes, et de la façon dont Nicloux les met en scène : dans un joyeux désordre, qui n'évite pas un côté onirique de bon aloi quand on juge de l'état de fatigue de notre pauvre Darroussin, empêché de dormir par la folie des situations. Le film commence comme un polar halluciné, avec l'arrivée hébétée du héros dans une pharmacie et ce flash-back très "film noir" qui lance la machine, et dérive de façon assez nette vers une sorte de cauchemar éveillé, un bad trip mêlant les fantasmes, les clichés sexuels et les pulsions morbides. Malheureusement, on se lasse assez vite de ces délires. Une fois le principe en place, le film est beaucoup trop en roue libre pour continuer à nous captiver ; dès lors que tout peut arriver, on se désintéresse de ce qui arrive, c'est le dure loi des doux-dingues. Les références de Nicloux sont nobles, et on voit dans cet hôtel-cerveau des réminiscences de Shining, dans cette trame policière des allusions au film noir, dans cette façon de jouer avec le sexe des clins d’œil aux Valseuses ; et on apprécie qu'il tente de dynamiter les règles de son polar classique en le polluant avec des détails iconoclastes (Françoise Lebrun en sorcière vaudou). Mais tout ça manque d'ambition réelle, reste au niveau de la farce macabre pas finaude, et Nicloux peine à transformer sa comédie en réel brulot anti-bourgeoisie, comme il est tenté de le faire visiblement. Un des moins bons films du compère, sans aucun doute...

Holiday

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