LIVRE : Du bleu dans la Nuit de Jean-Charles Chapuzet - 2020

Eh oui, à nouveau une question de faits divers, ici, dans ce livre de Chapuzet qui revient sur l'enlèvement de la petite Fanny, en 2004, à Jarnac. Si l'on sent que Chapuzet a bossé son sujet (en retrouvant une bonne partie des acteurs - côté flics et côté proches du coupable), si l'on prend un véritable plaisir (par procuration, en quelque sorte) à retrouver dans ses lignes la mention de Moulidars (voir Moulidars et mourir, on le sait tous), force est tout de même de reconnaître que le gars Chapuzet n'a pas pas la plume d'une Aubenas ou même d'un Jaenada... Son style, limite télégraphique, est terriblement heurté, le découpage (les allers-retours incessants entre la période de l'écriture du bouquin et 2004 - voire avant) est franchement aléatoire et les "références" ou autres parallélismes, comparaisons paraissent souvent un peu tirés par les cheveux ("Mona-Lisa est une fille heureuse, insouciante, la vie est belle, celle de Frank Capra"... C'est quoi le point commun entre une gamine de 9 ans à Jarnac en 2004 et le film de Capra ???? Les paris sont ouverts, ceux du PMU local...). On fait connaissance un peu laborieusement avec les différents individus de cette enquête même si on en comprend dès le départ les enjeux : une gamine de neuf ans qui jouait dehors se retrouve en fin de journée dans le coffre d'une bagnole. Toute la ville, la région, la nation est en émoi : qui a bien pu être à l'origine de cette horreur, un tueur pervers ou un simple gars perdu ? Chapuzet, à défaut de nous faire vivre de grandes heures journalistiques et littéraires, tente de ramasser tous les bouts du puzzle pour retracer la journée et les habitudes du coupable, la façon dont la traque s'est mise en place (et le coup de bol ou le coup de flair d'un simple flic), la garde à vue puis le procès... Il garde pour la bonne bouche (...), les conditions dans lesquelles la chtite a été retenue prisonnière, comme si on se devait de garder pour le dernier chapitre le morceau de choix (c'est à la fois de bonne guerre et un brin putassier). Outre le fait qu'on finit par connaître par le menu le déroulement de cet enlèvement, de cet acte à la fois totalement irraisonné et franchement foireux, on fait connaissance avec cette France profonde et ces affaires plus ou moins glauques (vol, viol, inceste, drogue sont au programme...) et les belles habitudes de nos régions (le cognac schweppes, ce serait con de passer à côté quand même - à consommer avec modération, hein, sinon, on finit clairement par faire n'importe quoi). Un bouquin un rien poussif dans la forme mais qui n'a pas à rougir (dans le bleu de la nuit) quant à son travail documentaire.