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26 juin 2021

Night Gallery de Boris Sagal, Steven Spielberg et Barry Shear - 1969

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Un petit film d'épouvante collectif, qui n'a pour seul mérite que de nous présenter le travail d'un tout jeune Spielberg. C'est le mythique Rod Serling qui présente la chose, avec son ton spectral et prophétique : attention, on va pas rigoler. Les trois sketches ici présentés, et issus d'une longue série télévisée, ont le point commun de tourner plus ou moins autour de la peinture, en nous montrant des tableaux maléfiques qui vont pousser leurs propriétaires ou leurs spectateurs à leur perte. Après cette présentation un peu kitsch, on plonge donc dans le premier film, "The Cemetery", réalisé par Boris Sagal, assez marrant : l'histoire d'un vieux peintre poussé à la mort par un neveu vénal et immonde (Roddy McDowall, cabotin en diable), mais qui se vengera depuis la tombe par tableau interposé. Le jeu outré des comédiens, l'intrigue cousue de fil blanc, le fait que le scénariste ne sait pas s'arrêter et en rajoute couche sur couche de surenchère, affadit la chose qui eut pu être nonobstant tout à fait agréable : c'est l'épisode le plus directement "épouvante" de la série, et l'hommage enamouré à la Hammer fait plaisir à voir. Ce tableau ensorcelé qui change à chaque fois qu'on le regarde, présentant un revenant qui s'approche de plus en plus de la maison, vous replonge sans effort en enfance, dans vos peurs irrationnelles. Dommage que cette histoire rigolote soit gâchée par Sagal, qui réalise scolairement et sans nuance.

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On passe au plus radical "Eyes" de Spielberg donc, avec en star, excusez du peu, la mamy Joan Crawford. La peinture n'a ici que peu d'importance, mais le scénario est particulièrement sadique, même s'il est complètement invraisemblable : une aveugle se paye une opération des yeux pour avoir la possibilité de voir pendant 12 heures.  Le prix à payer : les yeux de quelqu'un qui du coup va devenir aveugle... Qui acceptera de perdre la sienne pour donner 12 heures de vue à une vieille femme acariâtre et richissime ? On trouvera pourtant le cobaye. Mais quand on a 12 heures pour contempler le monde, encore faut-il que ça ne tombe pas pendant une panne de courant et qu'on ne s'endorme pas dans l'intervalle... La résolution de cette histoire abracadabrantesque est rigolote, et on sent que les scénaristes ont adoré faire du mal à cette vielle salope sans scrupule. Du haut de ses 22 ans (!), Steven montre tout ce qu'il sait faire, quitte à en faire trop : il appuie sur tous les boutons de la caméra, balance des effets visuels au choix spectaculaires ou catastrophiques, vous fait du style comme un vieux briscard. Les scènes où Crawford retrouve la vue sont superbes, franchement, et Spielberg arrive à rendre vraiment sensitives ces scènes abstraites, en rendant hommage aux films labyrinthiques et étranges de l'expressionnisme allemand. En tout cas, une démonstration de force qui s'impose contre toute tentative de bon goût : un cinéaste est né.

Night-Gallery-The-Escape-Route

Le dernier sketch est plus sobre, même s'il est empreint d'une sorte d'atmosphère psychédélique chère à l'époque. Barry Shear filme dans "The Escape Route" la fuite d'un ancien chef de camp nazi en Amérique du sud. Traqué par la police et par une de ses anciennes victimes qui pense l'avoir reconnu, sa seule issue sera la fuite dans un tableau : un paysage paisible de campagne dans lequel il projette une vie meilleure. Il trouvera bien son salut dans la peinture, mais pas forcément dans le sens qu'on croit... Plutôt pas mal joué par un Richard Kiley ruisselant de sueur, l'épisode est, surtout après le Spielberg, un peu dénué de style et d'aspérité. C'est trop long de 10 bonnes minutes, assez répétitif, mais on apprécie pourtant le travail sur la pellicule et les effets trouvés pour exprimer la soif d'ailleurs du personnage et son "syndrome de Stendhal" face au fameux tableau. Au final, une anthologie assez passable mais rigolote un samedi soir.

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