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Shangols
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12 juin 2021

La Permission (1968) de Melvin Van Peebles

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Melvin Van Peebles auquel Criterion va consacrer un coffret en septembre fait son entrée sur Shangols avec ce premier film arty tourné à Paris et en Normandie. L'histoire d'un homme, Harry Baird (et pas un charisme d'oiseau), qui va profiter de trois jours de perm pour visiter Parisss et se faire la belle sur les côtés normandes avec Nicole Berger (Nicole ? Mais si la Véronique de Charlotte et Véronique !) dont se fut d'ailleurs le dernier film puisqu'elle mourut d'un accident de voiture juste après (On en apprend des choses incontournables dans nos colonnes). Mais revenons à notre mouton (noir, d'ailleurs, j'ai le droit de le dire cette fois-ci car il sera victime d'un certain racisme latent) et à notre bergère : on assiste, à l'aide d'une mise en scène dynamique (Melvin et les cuts, formidable - sans parler des arrêts sur image) et sur une musique punchy (pompée et repompée par Tarantino, on s'en doute, lui qui n'inventa rien), à une croquignolette histoire d'amour entre ces deux jeunes gens, une histoire faite de timidité (la magnifique petite saynète dans la chambre d'hôtel avant le premier baiser), d'insouciance (faites l'amour, pas la guerre comme nous le suggère un petit montage alterné de la plus belle eau), et de tension (ce chanteur espagnol et ces trois sbires de l'armée m'ont tout l'air d'être jaloux comme des clebs du Harry...). Van Peebles après s'être fait un plaisir de montrer Harry en visite à Paris (ses monuments en fond, ses jardins, ses boites de strip-tease et de caf-conc' - des clichés dont il parvient lui-même à se moquer avec cette petite mise en scène souvent too much) sort ensuite des sentiers battus (la Normandie, ses vaches, sa mer revêche, ses hôtels borgnes en novembre) pour laisser ce petit couple s'aimer pleinement. Ah, un peu d'air pur, pfiou !!!

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Van Peebles, qui peut compter sur la fine fleur de la crème du top du cinéma français de l'époque (des apparitions de Christian Marin, Pierre Doris - et des dessinateurs tels que Gebe et Wolinski fondus dans la masse...), parvient à nous rendre très frais cette love story où les langues (décidément) se mêlent avec le même naturel que les corps. On s'amuse des petites trouvailles de Melvin (ces scènes dans le miroir que lui pompera... un certain Kassowitz - décidément), toujours prêt à tenter un petit effet fun (Baird qui rentre dans ce café en se mouvant sur une sorte de tapis volant, excellent), à doper ses images avec une bande musicale qui pètent (on est jamais mieux servi que par soi-même), ou à laisser dériver peinard son imagination, tout comme son héros : ainsi Baird s'imaginant que la piste de danse s'ouvre devant lui pour lui donner accès à une "parisienne blonde" ou se rêvant mener une vie de château avec sa petite bergère (quand, elle, elle semble penser, quand elle est dans ses bras, à une horde de sauvages qui la poursuivent - il est caustique ce gars Van Peebles, très caustique). Oui, on sent bien que l'idée du couple mixte n'est pas encore forcément entré dans les mœurs frenchy mais, bienheureusement, le film n'est pas que cela non plus ; Van Peebles parvient à montrer toute la complicité qui s'instaure entre nos deux jeunes gens vivant en deux jours une bien jolie lune de miel (la fin est certes un peu plus amère mais bon) : on sent qu'ils volent tout ce qu'ils peuvent de petits bonheurs au temps et aux espaces traversés et on sourit avec eux devant cette petite perm paradisiaque (et toute simple) loin de la fureur du monde (et du Capitaine tout en gueule de Harry). Un film résolument méconnu et pour la découverte duquel (ne me faites pas chier avec les pronoms relatifs composés) je vous donne volontiers la permission. D'autres petits galets à venir.

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