Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
12 juin 2021

L'Écrivain (Pismak) de Wojciech Has - 1984

vlcsnap-2021-06-12-11h55m43s491

Ah oui on aime bien Wojciech Has sur Shangols, et voici un nouveau film qui nous convaincra du bien-fondé de ce goût, même si L’Écrivain n'est pas le meilleur du bougre. Dans une ambiance qui évoque les films de Fassbinder, et notamment Berlin Alexanderplatz, on assiste à la lente déréliction morale et politique d'un petit écrivain, responsable de la publication d'un journal satirique, qui est emprisonné pour ses convictions, l’État ne se montrant sur le coup pas tout à fait Charlie. Enfermé avec un perceur de coffre-fort et un curieux ex-prêtre meurtrier, atteint d'une fièvre qui va le mener tranquillou au trépas, le gars ne tarde pas à perdre les pédales : il voyage à vue entre réalité et fantasmes, entre présent et passé, et nous entraîne avec lui dans ses délires onirico-littéraires. Has filme tout ça dans la continuité, s'appliquant à ne jamais nous indiquer si ce qu'on voit à l'écran arrive réellement où si c'est le fruit de l’imagination de notre Raphaël. On peut voir ainsi sa fiancée débarquer dans sa cellule ou un débat sur l'éthique de la littérature naître aux moments les plus critiques de sa maladie, le monde fictif finissant par devenir plus important que le monde réel.

vlcsnap-2021-06-12-11h55m17s154

C'est le problème avec ces films arty des années 80 : c'est toujours plus ou moins chiant, trop sérieux, un peu ampoulé, volontairement austère pour correspondre aux attentes supposées d'un spectateur instruit et exigeant. La deuxième moitié du film s'enfonce un peu dans la répétition, et Has s'y montre moins habile pour parler de cet engagement très droit qui le mène. Car L’Écrivain est peut-être son film où l'on distingue le mieux le teneur de ses opinions politiques, bien entendu de gauche et anti-système. Il est assez frontal dans son indignation, les arcanes de la bureaucratie, les injustices du système judiciaire, les aberrations anti-humanistes du pouvoir, tout ça est traité frontalement et réjouit de la part d'un cinéaste polonais qui a pu parfois être assez conservateur, dans la forme en tout cas. Dommage donc qu'il veuille en faire un peu trop dans la démonstration politique dans la deuxième partie du film. Mais malgré ça, on est tout de même bougrement intéressé par la mise en scène de Has, qui parvient à rendre les quelques mètres-carré de sa cellule passionnants, comme une grande scène de théâtre aux dimensions fluctuantes sur laquelle viendraient d'agiter les fantômes de son passé et les personnages qu'il crée. Formidablement interprétés, les deux compagnons de cellule deviennent des vecteurs de fiction, des machines à fantasmes, sur lesquels Raphaël peut projeter toute son imagination. On rentre les deux pieds joints dans ce film assez austère et difficile pourtant, c'est tout le talent du bougre de nous captiver avec un sujet à priori guère passionnant : la puissance de la mise en scène.

vlcsnap-2021-06-12-11h55m56s018

Commentaires
Derniers commentaires