Hommage aux Professeurs (Bozorgdasht-e mo'Allem) (1977) de Abbas Kiarostami

Kiarostami rend hommage aux profs et ça fait toujours plaisir quand on a un ministre de l'éducation sans considération pour ses ouailles ni cheveux. Une brochette de profs, plus ou moins jeunes, plus ou moins islamisés également au demeurant, reviennent en quelques mots sur ce qu'est le métier de prof (un métier sacré, oui, gratifiant, ô combien gentes dames, utiles pour l'avenir de la société, si vous saviez...) et sur les gratifications qu'ils peuvent en tirer : financièrement de la merde, et cela n'a pas l'air particulièrement jojo en Iran ; reste heureusement ce lien si particulier avec les élèves : comme le dit si positivement l'un d'eux, quand une fille se marie après ses études, elle ne vous parle plus, quand un garçon a eu une fois un problème au cours de ses études avec vous, il ne vous parle plus, et ceux qui réussissent, ils considèrent qu'il ne le doive qu'à eux. Bref, le prof reste dans sa misère, dans sa solitude mais avec l'âme auréolé d'avoir éduqué ces petits cons de gosses. Heureusement, certains profs ont une vision un moins dure et distante des relations avec leur anciens élèves, certains considérant, lorsqu'ils sont invités chez eux, être aussi bien reçus qu'un membre de la famille... Donc oui, tout de même, c'est un sacerdoce, une vocation, une fibre, quoi ; tu nais prof et tu meurs profs : la preuve, certains continuent d'enseigner (quand ils atteignent la retraite sans lésion nerveuse rédhibitoire) de façon bénévole comme si la machine ne pouvait plus s'arrêter... Des profs fiers (de leur rôle), parfois un peu désabusés (tu peux guère te faire plus de 100 tomans en deux heures - soit six fois moins qu'un plombier, 'foiré de Polacks iraniens...), mais toujours vaillants et droits dans leurs bottes. Merci Abbas pour ta considération, claro.

A tout Kiaro